Le très atypique candidat à la succession d’Obama dont tout le monde parle donne à “Valeurs actuelles” sa première interview dans un média européen. L’occasion, derrière les polémiques, de découvrir ce qu’il est, veut et pense vraiment. Entretien choc à New York avec André Bercoff.
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Vous avez fait fort en commençant votre campagne par l’annonceque, si vous étiez élu, vous bâtiriez un gigantesque mur le long de la frontière mexicaine pour empêcher l’immigration.
Nous avons un terrible problème d’immigration clandestine, avec des millions de gens qui sont déjà rentrés et qui continuent de le faire, et qui nous causent des problèmes insurmontables à court terme. Si je n’avais pas mis ce problème sur la place publique, personne ne l’aurait fait. Aujourd’hui, on me remercie de n’avoir pas pratiqué le déni de réalité habituel. La question se pose en termes économiques et en termes de criminalité. Elle est devenue l’un des thèmes principaux de campagne de tous, y compris chez les démocrates.
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Quel bilan dressez-vous de la politique d’Obama au Moyen-Orient ?
Il a fait des erreurs énormes. Sur tous les terrains. Et il n’a fait qu’aggraver une situation déjà mauvaise. Nous n’aurions jamais dû aller faire la guerre en Irak : ça, c’est la faute de Bush, et j’étais contre dès le début. Mais la manière dont Obama a quitté ce pays était la plus mauvaise possible, en annonçant pratiquement l’heure du départ des troupes américaines. Il ne sait même pas que la seule façon de tenir tête à ses adversaires, c’est d’être imprévisible, jamais où on nous attend, au lieu de donner, comme il l’a fait, toutes nos cartes à l’avance. Il fallait contrôler les puits de pétrole et ne pas partir en désordre et abandonner tout en rase campagne. En Syrie, cela a été un autre désastre. En fait, l’Amérique n’est plus gagnante. Elle n’est victorieuse nulle part et cela est un de mes objectifs : que nous soyons à nouveau des winners. Partout, toujours et tout le temps. Obama a hérité d’un état de fait et il l’a rendu bien pire qu’il ne l’était.
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Vous êtes en faveur de l’arrêt, voire de l’inversion des courbes d’immigration. À votre avis, que faut-il faire ?
Dès à présent, en Syrie et ailleurs, il importe de bâtir des zones protégées, sécurisées, avec l’argent de l’Europe, de l’Amérique, des Émirats et autres. L’urgence absolue est d’imposer plusieurs de ces zones au Moyen-Orient ; sans cela, la contagion va encore s’étendre. Dans ces territoires, ceux qui ont dû quitter — et on les comprend — la guerre et ses horreurs pourront retourner chez eux et vivre enfin dans une relative mais réelle sécurité. Vous savez, j’ai des milliers d’ouvriers et d’employés étrangers qui ne pensent qu’à accumuler un bon pécule et retourner au Guatemala, au Ghana ou ailleurs, où ils ont leur famille, leurs racines, ce qui est tout à fait normal. Encore une fois, je ne combats pas l’immigration : qu’aurait été l’Amérique sans ses immigrés ? Mais l’immigration illégale peut et doit être stoppée, ainsi que ceux qui veulent nous imposer leurs règles et leurs dogmes.
Vous savez, je suis très bon dans les prédictions : je pense que vous allez connaître en Europe une période de bouleversements très forts. Deux ans avant le 11 septembre 2001, j’avais prévenu les autorités américaines du danger que posait un certain Oussama ben Laden : j’avais entendu parler de lui par mes amis saoudiens qui m’avaient mis en garde contre ses actions en Afghanistan, et ce qu’il préparait. Vous n’y couperez pas en Europe.