Publié par Actes Sud, la maison d’édition qui a remporté l’an dernier le Goncourt et le Nobel de littérature, ce petit livre de 56 pages n’est pas un livre militant mais, en s’efforçant de raconter « sur le vif » la situation des migrants dans la « jungle » de Calais, l’ouvrage permet de donner à un problème politique et social, des noms, des visages, des souffrances et aussi des rêves.
Marie-Françoise Colombani, éditorialiste au magazine Elle, et le dessinateur Damien Roudeau se sont immergés dans le « no man’s land » que constitue la « jungle » de Calais dont l’État français vient d’annoncer qu’il souhaitait accélérer le démantèlement.
« Aux politiques d’œuvrer pour que la sécurité revienne dans les pays dévastés (d’où sont originaires les migrants) et même, si nécessaire, de réguler les arrivées », admettent les coauteurs. « Mais, ajoutent-ils, aux citoyens que nous sommes d’exiger que l’on fasse un accueil honorable à tous ces hommes, femmes et enfants ».
Si des conteneurs « chauffés et éclairés » ont été installés pour accueillir des familles avec enfants, le camp ressemble encore à « un immense cloaque ».
« Aucune loi de la République ne s’exerce dans cet enfer pour protéger les plus faibles », déplorent les coauteurs en évoquant des cas de racket, de prostitution, de viols ou encore de « disparitions de mineurs isolés ».
Les incidents entre migrants sont légions, relèvent-ils en notant que le centre de santé de Médecins du Monde a été « totalement vandalisé ».
« Parfois on entend crier Dougar ralentissement ou embouteillage en soudanais, et des dizaines et des dizaines de migrants se ruent alors vers l’autoroute » au risque parfois d’y laisser leur vie comme Sara, une Érythréenne de 16 ans, percutée par un poids-lourd. « Après avoir parcouru plus de 11,000 km, Sara est morte à 30 km de son but », l’Angleterre.
Damien Roudeau dessine ainsi la « boulangerie » d’Ajhab Khan un Afghan dont le pain est, paraît-il, « délicieux ».
Les bénéfices et droits d’auteur du livre doivent être reversés à l’association « L’Auberge des migrants » qui apporte une aide humanitaire d’urgence « aux désespérés » de Calais.
(Merci à C’)