Bon nombre d’universités opèrent une sélection en master. C’est illégal, vient de dire le Conseil d’État. Mais que dit la logique ? se demande Jean-Paul Brighelli, agrégé de Lettres modernes.
Grâce au Conseil d’État, mais surtout à la lâcheté des gouvernements successifs, le Master se retrouve dans la même situation : à Bac + 5 ou 6, le diplôme que vous aurez en main ne vaudra pas tripette — et les heureux élus seront passés, à grands frais, par des facs étrangères qui sélectionnent par l’argent.
Ce faisant, le Conseil a dit le droit : il est illégal d’opérer une sélection en université, et toutes les Licences sont supposées égales, quelles que soient les notes avec lesquelles elles ont été obtenues. Non qu’en théorie, l’État (et même, en l’occurrence, l’État socialiste, puisque la loi remonte à juin 2000) ait rejeté la possibilité de trier. […]
Il est urgent de prendre en compte la réalité. Vous savez, cette part du monde dont ces mêmes politiciens ignorent l’existence.
Le Bac ne vaut plus rien, et la Licence pas grand-chose. On a sans cesse reculé, sauf en prépas, comme je l’écrivais dans mon dernier billet, afin d’épargner les susceptibilités des syndicats étudiants et des mauvais élèves. On en est arrivé — parce qu’il faut bien, à un moment ou à un autre, élever la barre afin que les entreprises et les administrations centrales aient à nouveau confiance dans les produits finis proposés par les facs — à déplacer le curseur de la sélection en aval, toujours plus en aval. Bon an mal an, l’université parvient quand même à dégager une élite. Et c’est bien parce qu’elle a tant de mal à le faire qu’elle lorgne avec jalousie sur les grandes écoles, dont c’est la finalité première. […]