Face à l’afflux de migrants, le système d’asile suédois explose et l’extrême droite progresse. Extraits d’un reportage du Monde.
« L’atmosphère a énormément changé », constate George Joseph, de Caritas. Sur son portable, il ne cesse de recevoir des appels anonymes de Suédois lui reprochant de défendre « l’islamisation » du pays.
La Suède en a-t-elle trop fait ? A l’automne, débordées, les municipalités en première ligne aux frontières du pays, et l’office de l’immigration – l’agence qui s’occupe de trouver et de financer des places d’hébergement dans tout le pays – tirent la sonnette d’alarme. Les capacités d’hébergement sont saturées, des milliers de réfugiés passent les nuits dehors, les bénévoles et les fonctionnaires ne dorment plus, les migrants ne sont plus enregistrés : le système d’asile suédois explose. […]
« Les politiques discutent de tellement de choses profondément non-suédoises, telle que l’idée de limiter l’accès aux aides sociales pour les réfugiés », regrette M. Joseph, de Caritas.
«Beaucoup de Suédois ne se reconnaissent plus dans la Suède d’aujourd’hui, abonde Daniel Poohl, rédacteur en chef de la revue Expo, le journal fondé par l’écrivain Stieg Larsson pour lutter contre l’extrême droite. Il y a ceux qui trouvent qu’il y a des migrants partout et craignent pour leur identité, et ceux qui sont attachés aux valeurs fondamentales d’ouverture de la Suède, à son rôle de superpuissance humanitaire, et qui ne se reconnaissent pas dans la politique du gouvernement. »
Minoritaires au Parlement, les sociaux-démocrates n’ont jamais été aussi faibles dans l’histoire politique de la Suède, et se voient désormais talonnés par l’extrême droite. […]