À la suite de la diatribe de la ministre lancée à l’Assemblée contre la sélection des étudiants à l’université et plus particulièrement en master, qu’elle juge «rétrograde», quatre présidents d’universités dénoncent des propos «irresponsables».
«Je n’ignore pas les difficultés de l’enseignement supérieur. Mais je ne crois pas que nous les surmonterons en revenant à d’anciennes lubies».
« «Elle [la sélection] masque, elle abandonne, elle laisse des millions de jeunes en dehors de l’enseignement supérieur”
Pour Jean Chambaz, qui préside l’université Pierre et Marie Curie (UMPC), à Paris, «la ministre de l’Éducation nationale, et accessoirement de l’enseignement supérieur, a tenu des propos irresponsables sur la sélection en master». Furieux et sans pitié à l’égard de Najat Vallaud-Belkacem, les présidents de quatre universités réputées, couvrant aussi bien le domaine des sciences dures que des sciences humaines et sociales -Pierre et Marie Curie, Paris IV Sorbonne, Paris Sud et Toulouse I Capitole- ont tenu, le 19 février, à mettre les choses au point sur la question de la sélection.
À vouloir transposer les rêves d’égalitarisme qu’elle nourrit pour l’enseignement secondaire -avec sa réforme du collège notamment- à l’université, la ministre risque de s’attirer les foudres de la communauté, étudiants compris. Car ces derniers sont bien placés pour savoir que la sélection en master existe. Mieux, ils l’appellent de leurs vœux, au nom de la qualité des formations.
Mais surtout, Najat Vallaud-Belkacem semble ignorer que les masters, adossés à la recherche et étroitement liés au monde professionnel, constituent la force et l’attractivité des universités. Or ces diplômes ont des capacités d’accueil limitées et supposent des profils étudiants adaptés. […]