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Editorial de Laurent Joffrin, directeur de la publication de Libération, à l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun.

On n’a trouvé qu’un seul remède à cette maladie mortelle : la construction d’une Europe unie, qui écarte pour des générations le spectre de la guerre. Cette Europe même qui se défait aujourd’hui sous la poussée des souverainistes, impuissante devant la crise migratoire, incapable de rassurer les peuples et de contenir l’effrayante renaissance des fanatismes identitaires.

Témoigner aux combattants de Verdun le respect qui leur est dû, c’est rappeler les dangers du souverainisme et la nécessité de continuer à construire une Europe unie.

Verdun ? Le symbole même de l’absurdité de la guerre ! Trois cents jours de bataille, quelque 300 000 morts, des souffrances sans nom et une débauche d’héroïsme pour revenir, un an plus tard, aux mêmes positions, dans une boue de terre, de sang et d’ossements. En Allemagne et en France, on célèbre le centenaire d’un carnage aberrant, né de la sanglante folie des hommes, décuplée par la puissance meurtrière de l’industrie. Pourtant, cette lecture édifiante ne suffit pas. A beaucoup d’égards, elle est même trompeuse et peut endormir une vigilance politique dont nous avons plus que jamais besoin. […]

L’affaire, en fait, est bien plus politique. Verdun, comme la Somme ou le Chemin des Dames, n’est pas né de la folie mais de l’idéologie. Verdun, c’est le paroxysme infernal du nationalisme. La montée en puissance des Etats-nations, qu’aucune sagesse internationale n’a réussi à dompter au XIXe siècle, a créé le nationalisme, le militarisme, la volonté de conquérir, la domination de la raison d’Etat sur les droits universels, la paranoïa des gouvernants qui pensent que l’ennemi veut les détruire à la première occasion, parce qu’ils remuent envers lui des pensées analogues. […]

Libération

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