Younes Yousfi, directeur adjoint et cofondateur du collège-lycée Ibn Khaldoun de Marseille (et ancien vice-président de l’Union des organisations islamiques de France, UOIF), nous explique ce qu’est la laïcité dans une tribune intitulée ” La laïcité à l’épreuve de l’islam… et des élections” publiée sur le site musulman saphirnews.
[…] Pourquoi la laïcité est-elle aujourd’hui sujette à tant de polémiques ? Comment cette même laïcité, dont le rôle est à priori de garantir une vie paisible en société, est-elle devenue génératrice de tensions et cristallisatrice de crispations ? […]Les idées erronées reçues sur la religion musulmane (la soumission de la femme, la volonté de domination, etc.) devront être combattues, progressivement, par cette belle valeur républicaine que personne ne conteste, pas même les premiers concernés.
La laïcité n’est rien d’autre que la garantie, pour chaque citoyen, de la liberté de conscience et de la liberté de culte, ainsi que la neutralité de l’État vis-à-vis des religions. Cela aurait dû permettre de clore définitivement le débat. Mais la nouvelle visibilité des musulmans (et de l’islam sur certains points) est venue remettre cette question, ô combien sensible électoralement, sur le devant de la scène. […]
Elle instaure la fin des privilèges accordés aux quatre cultes jusqu’alors reconnus, et établit le fait que l’État n’intervienne plus quant à la gestion de telle ou telle religion.
La laïcité de 1905 était donc une laïcité de neutralité et d’émancipation. Or cette réalité historique a bien évolué depuis.
Certains intellectuels ont réussi en effet à théoriser et à diffuser (bien aidés par certains médias) dans pratiquement toutes les sphères de la société l’idée de l’islamisation de l’Europe, qui entrainerait inéluctablement un grand remplacement.
Cette population musulmane, venue massivement au cours du XXe siècle (pour participer aux guerres d’abord puis pour reconstruire les infrastructures françaises) a suivi une évolution naturelle qui a entrainé une sédentarisation et une intégration qui n’est aujourd’hui plus à remettre en cause.
Dès lors, la laïcité va venir servir de bouclier pour repousser, rejeter, voire interdire tout ce qui ne ressemble pas à notre culture historique ou du moins tout ce qui ne ressemble pas à ce que l’on aimerait être notre future culture. […]
La laïcité est pourtant une chance, pour la société française comme pour sa composante musulmane. Elle permet à chacun de vivre à la lumière de ce que lui aura suggéré son intime conviction. Elle doit permettre à chacun de vivre dans une société apaisée et équitable, tant espérée en ces temps confus. Encore faut-il qu’elle soit bien comprise…