Michel Guerrin, journaliste au Monde, revient sur la tribune de l’écrivain Kamel Daoud sur les agressions sexuelles de Cologne.
Dans notre journal, 19 chercheurs l’ont démoli, l’affublant d’un adjectif à la mode : islamophobe. Depuis, Daoud a annoncé qu’il arrêtait le journalisme pour se consacrer à la littérature. Il ne change pas de position mais d’instrument.
Kamel Daoud a cette formule : « En Occident, le réfugié ou l’immigré sauvera son corps mais ne va pas négocier sa culture avec autant de facilité. »
Le retrait de Daoud est une défaite. Pas la sienne. Celle du débat. Il vit en Algérie, il est sous le coup d’une fatwa depuis 2014, et cela donne de la chair à ses convictions. […]
Le sociologue Eric Fassin, invité de l’émission « 28 minutes », sur Arte, le 14 janvier, pour analyser Cologne avait déclaré : « Ce n’est pas parce que les gens sont musulmans qu’ils ont commis ces actes. Il y a une finalité politique. A qui s’en sont-ils pris ? A des femmes allemandes, blanches. Ils ne sont pas allés violer des prostituées. Cela donne le sens de leur violence.
» Ainsi va la confrérie des sociologues, qui a le nez rivé sur ses statistiques sans prendre en compte « la chair du réel », écrit Aude Lancelin sur le site de L’Obs, le 18 février. […]
Le sociologue Hugues Lagrange, victime d’une cabale du politiquement correct, explique : « La majorité des sociologues considèrent les gens étudiés comme des victimes d’un système économique. Ils font une sociologie des états sociaux, dans un climat dominant/dominé. Ils n’ont pas tort mais sont hémiplégiques au sens où ils ignorent la moitié du problème. […]Comment, par exemple, ne pas voir avec Daoud que la religion a fait disparaître la mixité de l’espace public du monde arabe et que cela pose problème quand l’homme arabe se retrouve dans un espace public mixte européen ? Ce discours de vérité est très difficile à imposer au motif qu’il ferait le jeu des populismes. »