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A l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur intitulé «Profs ne lâchez rien», Elisabeth Lévy a accordé un entretien fleuve à FigaroVox. Elle espère voir apparaître “une gauche républicaine, pluraliste, patriote et un brin conservatrice, et surtout une gauche qui pense librement“.

La seule raison pour laquelle on veut simplifier certaines règles [d’orthographe], c’est qu’on n’arrive plus à les enseigner. Donc, de même qu’on a amené le bac au niveau de 80 % d’une classe d’âge, on va, peu à peu, amener le français au niveau des élèves les plus médiocres. Comme ça, ils ne se sentiront pas opprimés par cet atroce signe de distinction sociale.

Le nouveau numéro de Causeur s’intitule «Profs ne lâchez rien!». Etant donné que le «collège Najat» et avec lui les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée prochaine, s’agit-il d’un appel à ne pas respecter la loi?
Nous ne l’avions pas vu comme ça, mais à la réflexion…oui! Nous sommes républicains et nous sommes évidemment pour le respect de la loi, mais je ne sais plus laquelle de nos constitutions, celle de 1793 je crois, dit qu’il faut se révolter contre les lois scélérates. Eh bien, il n’y a pas plus scélérat qu’une loi qui promeut le nivellement par le bas et organise la destruction de l’enseignement des humanités. Car on sacrifie en même temps l’avenir des élèves et celui de notre culture. Quand plus personne ne sera capable de transmettre la littérature française ou d’orthographier correctement la langue française, elles disparaîtront. […] Je suis convaincue qu’au-delà des clivages politiques, une grande partie de la France est avec eux.

Après la gronde déclenchée par la suppression du latin et du grec, c’est la simplification de l’orthographe qui a fait souffler un vent de révolte chez les parents et les profs. N’en fait-on pas trop pour un accent circonflexe ?
Les parents et les profs ont tout compris ; ils savent que la réforme du collège et celle de l’orthographe sont deux facettes d’une seule et même entreprise: puisque, sous couvert d’offrir l’excellence à tous, ce qui est un oxymore et une tromperie, on a renoncé à la méritocratie républicaine, on va faire disparaître tout ce qui ressemble à de l’excellence, c’est-à-dire à la possibilité qu’ont certains élèves d’être meilleurs que les autres. […]

En réalité, pardonnez-moi l’expression, mais on les prend vraiment pour des cons. Le mépris enrobé de compassion: c’est cela le plus révoltant.

[…] Depuis des années, nous pestons de voir la gauche devenir le bastion de l’intolérance et de la bonne conscience conjuguées. Depuis des années, nous râlons de voir le débat argumenté remplacé par des procès en sorcellerie, des lynchages en bande organisée et des excommunications. Et depuis des années, nous assistons, médusés et impuissants à l’abandon de la laïcité au nom de la lutte contre la soi-disant islamophobie par cette gauche qui, comme le dit Alain Finkielkraut, a offert au Front national le «monopole du réel». […] Le Figaro

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