Analyse du livre de l’historien israélien, Shlomo Sand, «La Fin de l’intellectuel français ? De Zola à Houellebecq» par le journaliste du Monde, Nicolas Truong.
Hier, Jean-Paul Sartre exhortait ses contemporains à combattre aux côtés des damnés de la terre. Aujourd’hui, face à la crise des réfugiés, des chroniqueurs hebdomadaires prônent la fermeture des frontières. […] Mais comment en est-on arrivé là ?
Comment est-on passé de Zola à Houellebecq, de Camus à Onfray, de Foucault à Finkielkraut, de Sartre à Zemmour, c’est-à-dire pour tout ceux que ce glissement désespère, de la défense des opprimés à celle des barbelés, de l’éloge de la diversité à celui de l’identité ?
[…]
Marqué par la « judéophobie » dont fut victime une partie de sa famille, Shlomo Sand traque la manifestation de la pensée islamophobe française : dans Soumission, le roman de Michel Houellebecq qui, soutient-il, susciterait la réprobation générale si l’on y remplaçait le mot « musulman » par celui de « juif » ; dans le Charlie Hebdo de Philippe Val qui, assure-t-il, caricaturait l’islam comme le faisaient les journaux antisémites de l’entre-deux-guerres avec le judaïsme ;
[…] Le Mondedans le slogan « Je suis Charlie » enfin, « derrière lequel se cachait une façon finalement assez peu fraternelle de dire “Je suis français”, c’est-à-dire membre de “l’Europe blanche