Daniel Cohn-Bendit co-signe avec le journaliste Hervé Algalarrondo pour une “révolution politique” : “Et si on arrêtait les conneries”.
>On se demande qui est de gauche dans cette affaire [des migrants], monsieur Hollande ou madame Merkel ?[…] Vous expliquez que le scrutin majoritaire est aujourd’hui à bout de souffle et que la France doit passer, comme beaucoup de nos voisins, à la représentation proportionnelle. Ne favoriserait-elle pas la poussée du FN ?
J’observe que la France a le scrutin majoritaire et en même temps le parti d’extrême droite le plus fort d’Europe. La faute n’est donc pas à la proportionnelle. Je constate par ailleurs que ce scrutin majoritaire bloque la dynamique politique, celle notamment des réformes. Il pousse en effet à un manichéisme bête et méchant qui érige une frontière droite gauche largement imaginaire pour gagner les élections.
Et si le FN rentre en force à l’Assemblée, il fera partie de cette coalition?
Une coalition, ce n’est pas n’importe quoi, avec n’importe qui. Une droite et une gauche réformistes-centristes peuvent trouver des points d’accord sur le programme européen, la politique énergétique ou la lutte contre le chômage. Ni Marine Le Pen, ni Mélenchon ne rentreraient dans une telle coalition. […]
Selon vous, à droite, Alain Juppé serait le seul à pouvoir diriger un gouvernement de coalition comme il le fait au sein de la communauté de Bordeaux. Pourquoi?
Les deux personnalités à droite les plus intéressantes sont Alain Juppé et NKM. Celle-ci n’a aucune chance de gagner, mais sa tentative de déringardiser la droite pose des jalons pour l’avenir Et elle est moins droitière, plus moderne que Bruno Le Maire. Quant à Alain Juppé, il est le plus rassurant, celui à droite qui s’imposera le plus facilement contre madame Le Pen. Il sera le candidat de droite qui calmera la France. Après, tout dépend de son intelligence. Je sais, pour lui en avoir parlé, qu’il est contre la proportionnelle, mais il tentera d’ouvrir son gouvernement. […] Paris Match