L’islam doit devenir français, Farid Abdelkrim, ancien membre de l’UOIF, en est convaincu. Sortir de l’islam « en » France pour arriver à l’islam « de » France, c’est le voyage qu’il propose dans son essai au titre accrocheur de « L’islam sera français ou ne sera pas ».
L’auteur connait bien la réalité musulmane en France. Il évite les clichés véhiculés par ceux que Vincent Geisser nomme les «musulmans islamophobes» qui prônent des mosquées sans minaret, des musulmanes sans hijab et des musulmans sans barbe. Farid Abdelkrim met le curseur à un niveau plus intellectuel, assez subtil pour en séduire beaucoup. […]
Le deuxième paradigme du livre est qu’il stipule, comme une évidence, que l’islam n’est pas encore français. Ce pays compte des millions de citoyens de confession musulmane et au moins deux milliers de mosquées. L’Etat s’est engagé dans la création d’un Conseil français du culte musulman (CFCM) tandis que les députés de la République se fendaient d’une loi antifoulard suivie d’une «loi antiburqa» … Mais, pour Farid Abdelkrim, rien de cela ne suffit à insérer l’islam dans la réalité de la nation française. […]
Il y a une part d’idéalisme, voire d’innocence politique, à imaginer l’Etat français laisser les musulmans libres de s’organiser comme ils l’entendent. Depuis les guerres coloniales jusqu’à nos jours, la perception de l’islam par les dirigeants français baigne dans un parfum d’altérité tel que tout musulman est perçu comme un citoyen qui, à tout moment, peut se révéler adversaire des valeurs républicaines. L’Etat français peut-il renoncer à sa gestion sécuritaire de l’islam, cette culture politique vieille de deux siècles ? La récente loi de déchéance de la nationalité suffit comme réponse. A moins d’un miracle socio-politique, aucun indicateur n’affiche une évolution contraire à la criminalisation du musulman par les politiques français.
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