Des personnalités de gauche publient dans “Marianne” en kiosque cette semaine un manifeste pour un Printemps républicain.
2015 fut une année tragique. Les attentats qui ont par deux fois ensanglanté Paris ont introduit au coeur de notre pays ce terrorisme islamiste qui répand partout dans le monde son projet mortifère. Face à cette menace désormais pressante et permanente, la réaction de nos compatriotes a été admirable. Il n’y a eu ni panique ni fuite en avant.
Seuls les faiseurs et défaiseurs identitaires de tous bords ont tenté de profiter de l’occasion pour faire encore progresser leurs idéologies délétères. Que ce soit en avançant des explications toutes faites et des causalités douteuses, ou en niant la réalité des faits et leur portée politique. L’extrême-droite comme l’islamisme politique sont à la manoeuvre pour tenter de jouer avec les peurs et les tensions qui traversent la société française. […]
La République s’incarne dans un double combat : pour l’émancipation de chacun et contre toutes les dérives, assignations ou discriminations identitaires. […]
Marianne
(illustration de l’article source)
Parmi les signataires du texte :
Elisabeth Badinter, philosophe, écrivain : Car le texte de ce manifeste reflète mes convictions profondes. J’y ai retrouvé l’expression politique de ce que j’appellerais la troisième voie.
Qu’est-ce que vous appelez la « troisième voie » ?
Cette voie étroite qui rejette dos à dos les deux écueils de l’heure, c’est-à-dire, d’un côté, le racisme qui diabolise les Arabo-musulmans, et, de l’autre, le déni pratiqué par les islamo-gauchistes à l’égard de la montée en puissance de l’islamisme radical. Aujourd’hui, nous sommes en butte à une instrumentalisation par deux extrêmes qui se nourrissent l’un et l’un autre de l’absence de l’option républicaine, et le Manifeste desserre cet étau pesant.
Ce qui pèse, dans la France actuelle, c’est l’intimidation des extrêmes à l’endroit de ces millions de Français qui n’attendent qu’une chose : pouvoir exprimer librement leurs convictions républicaines. […]
Dans un moment où l’extrême gauche avocate des islamistes ne représente pas grand chose, mais où l’extrême droite capte tous les antirépublicains, c’est un geste capital.
Marianne
Fleur Pellerin, ex-ministre de la Culture :
Comment ne pas constater qu’un certain nombre de pratiques sont en train de se développer, qui dénotent une radicalisation de la pratique religieuse et qui vont, à mon sens, à l’encontre des valeurs de la République ?
J’ai la conviction très forte que la culture et l’éducation sont les deux faces d’une politique qui peut raccrocher de nombreuses personnes à une réflexion sur le pacte républicain. Créer du lien qui ne soit ni du lien identitaire, ni communautaire, ni religieux pour trouver un dénominateur commun. C’est le propre du projet collectif et social de la nation française.