Article de Sonya Faure et Cécile Daumas, journalistes à Libération, sur Michel Onfray intitulé “Onfray, pourquoi tant de haine ?” En plus d’un essai sur l’islam, le philosophe publie une autobiographie “blessée aux accents pamphlétaires” dans laquelle il règle ses comptes avec la gauche «politiquement correcte». Et «Libération».
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C’est un homme blessé (et obsédé) par les accusations qui répond. Parano, vindicatif, démago, égrenant les noms de ses adversaires, parfois violent pamphlétiste, comme lorsqu’il règle ses comptes avec le billet d’une «comique» de la matinale de France Inter, grand-messe du politiquement correct selon lui : «Quand elle se présente fardée avec l’humour comme une pauvresse qui fait le trottoir, l’idéologie peut tout se permettre.» […]
Quand Onfray embraye ensuite sur la «guerre des civilisations» ou entonne le refrain du «tout fout le camp», cette fois, c’est un Zemmour ou un Finkielkraut qu’on croirait entendre. «L’Occident est en bout de course, lance-t-il dans “Penser l’islam”, et comme toutes les civilisations en phase d’effondrement, l’Europe montre des signes de décadence : l’argent roi, la perte de tous les repères éthiques et moraux, le sexe dépourvu de sens, la disparition des communautés familiales ou nationales au profit des tribus égotistes et locales…»[…]
Dans cette confusion théorique et politique, marque de l’époque dont il joue complaisamment, le philosophe, bravache, se présente en homme libre qui, sans dieu ni maître, ne serait sous le contrôle de personne. Un homme qui n’aurait pas trahi, ni ses origines, ni son peuple, ni son idéal politique – libertaire, antilibéral, contre l’Europe et l’euro, pour les peuples à jamais. Quitte à déployer une pensée binaire pour retomber sur ses pattes. «Il multiplie les fausses alternatives, remarque Sudhir Hazareesingh, il y a “Moi contre les médias”, “la vérité contre le mensonge”, etc.» […]
Libération