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18/03/16

Ce vendredi 18 mars, l’homme soupçonné d’avoir violé l’écrivain Edouard Louis l’assignait pour atteinte à la présomption d’innocence et à la vie privée. La confrontation s’est déroulée par avocats interposés. Compte-rendu.

(…) Selon lui, en effet, Riahd B. aurait pas moins de cinq identités différentes, dans le dossier pénal où il est poursuivi pour viol, et dans le dossier civil. “Je n’ai aucune pièce me permettant de faire un lien entre le « demandeur » et la personne mise en détention. L’un s’appelle Ryad B. et l’autre Reda M. ; l’un est né en Algérie, l’autre au Maroc… Alors je vous le demande : qui est votre client ?“. Les avocats du plaignant, Thomas Ricard et Matthieu de Vallois, deux trentenaires barbus, expliquent le flou identitaire de leur client par son statut de sans-papier : “Quand on est sans-papier sur le territoire français et en situation irrégulière, quand on peut à tout moment être reconduit à la frontière, qu’est-ce qu’on fait ? On donne aux autorités une autre identité“.
Sortant soudain de son silence, l’avocat d’Edouard Louis, Emmanuel Pierrat, la cinquantaine chevronné, raille ses jeunes congénères : “Nos confrères ne savent même pas par qui ils sont mandatés ! Est-ce qu’un écrivain peut rendre identifiable un individu dont les avocats ne savent même pas qui il est ?”. Riposte du camps adverse : “Est-ce qu’un sans papier peut faire respecter sa présomption d’innocence ? D’ailleurs, quel est le nom de votre client : Edouard Louis ou Eddy Bellegueule ?“. Le ton est monté d’un cran à la 17e chambre, ce tribunal très médiatique aux boiseries claires et au plafond ornementé, vieil hôte habitué des épopées judico-littéraires.
(…) Les Inrocks


09/03/16

Dans “Histoire de la violence”, le jeune écrivain raconte avoir été violé par un certain Reda. Celui-ci, actuellement en prison, l’attaque pour atteinte à la présomption d’innocence. Enquête.
(…) Le Nouvel Obs


07/01/16

Critique par Télérama du livre autobiographique d’Edouard Louis (ex:Eddy Bellegueule)


(..) Edouard l’a rencontré en rentrant chez lui, place de la République, après un réveillon avec ses amis Didier et Geoffroy. Reda cherchait l’aventure, voulait boire un verre, lui contant l’histoire de son père, émigré kabyle. Vaguement séduit, Edouard l’invite à monter dans le studio qui va devenir la scène de crime d’un odieux huis clos. Après avoir fait l’amour, Edouard — l’enfant pauvre, exclu et mal aimé d’En finir avec Eddy Bellegueule, le premier roman confession (2014) — s’aperçoit que Reda a piqué son téléphone. Il réagit mal. Tout se détraque. Paniqué, le voleur dérape, frappe, étrangle, viole son amant. Puis s’enfuit en quémandant son pardon. Scène enfiévrée digne de Dostoïevski, Genet, Pasolini ? Scène archaïque de tragédie antique autour de laquelle va s’enrouler tout le roman, deux cent quarante pages durant…
(…)
Comme son maître Pierre Bourdieu, Edouard Louis pense que la violence noue et dénoue les relations sociales. Les contamine. Alors il a voulu en faire son arène littéraire. Histoire qu’on la reconnaisse et peut-être l’arrête. Son violeur et meurtrier Reda n’est-il pas le dernier maillon d’une longue chaîne de terreurs infligées par l’Histoire et la société à son peuple kabyle, à sa classe de migrants ? Lui-même Edouard, avant d’être sauvé par les études, n’a-t-il pas volé comme Reda, son voleur ? Est-il si loin de son bourreau ? Voilà pourquoi il hésite tant à porter plainte au commissariat, se sent raciste après sa déposition. Se méprise. Dans sa composition chahutée et quasi plastique — cubiste, expressionniste ? —, Edouard Louis fait entendre que c’est en pénétrant la violence du monde qu’on trouvera la vérité cachée de notre société ; en se mettant du côté de ceux qu’elle tyrannise qu’on déchiffrera ses secrets et pourra les effacer. Car la violence engendre la violence, disait déjà la Bible. Et ceux qui en sont victimes la reproduisent sur d’autres.”
(…) Télérama

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