La prévention de la radicalisation sera au centre des débats de la deuxième instance de dialogue avec l’islam, le 21 mars. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a accordé a une interview exclusive à Saphirnews : abattage rituel, mosquées, aumôniers de prisons…
N’est-ce pas faire croire à l’opinion publique que seuls les musulmans auraient une responsabilité dans ce phénomène de radicalisation de la jeunesse ?
Il n’y a dans notre démarche aucune stigmatisation. Je vais régulièrement à la rencontre des musulmans de France et je sais qu’ils sont tous profondément horrifiés par le dévoiement de la religion que revendique Daesh et inquiets du péril que cette propagande mortifère peut représenter pour des jeunes fragiles, qu’ils soient issus de familles de culture musulmane ou convertis. […]
Entre les deux instances de dialogue (juin 2015-mars 2016), deux groupes de travail ont été mis en place. Quel a été leur mode de fonctionnement ? Quels ont été leurs résultats ?
À la suite de la première instance de dialogue, j’ai en effet mis en place deux groupes de travail : l’un sur la gestion et la construction des édifices du culte ; le second consacré à l’organisation temporaire de l’abattage rituel à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Kébir. Ces deux sujets étaient en effet apparus comme deux sujets particuliers de préoccupation. […]
Et s’agissant du groupe de travail consacré à la gestion et à la construction des lieux du culte ?
[…] D’autres cultes considérés en France comme « récents », tels les évangélistes et les bouddhistes, ont des besoins et peuvent rencontrer des difficultés comparables. […]
Quels sont, selon le ministère, les signes de radicalisation et ceux qui témoignent d’une « déradicalisation » d’une personne ?
Nous avons élaboré une grille très complète d’indicateurs de basculement dans la radicalisation, qui permet de mieux discerner les cas de radicalisation de ceux qui ne le sont pas.
Ce sont des indicateurs de rupture (rejet de la vie sociale, exclusion de la sphère familiale, port de signes très ostentatoires, refus de la musique, de la peinture, discours de rupture violente marquée avec les règles de vie commune, adhésion aux théories du complot…), qui ne doivent pas être considérés indépendamment, mais de manière cumulative pour appréhender la réalité d’une radicalisation. Car il ne s’agit évidemment pas de confondre ces cas extrêmes avec de simples conversions, ni avec une pratique rigoriste de la religion. […]
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