Alors qu’une crise humanitaire sans précédent menace les migrants bloqués à Idomeni, ceux-ci ont été parmi les premiers à réagir aux attentats de Bruxelles. Car ils le savent, l’amalgame et le rejet, encore, les guettent. A chaque attaque revendiquée par État islamique, l’Europe contracte un peu plus ses frontières.
Un regard, et un message. «Sorry for Brussels» («Désolé pour Bruxelles»), lit-on sur une pancarte brandie par un jeune réfugié syrien dans un camp de migrants à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. En plein regain d’islamophobie après les attentats qui ont fait une trentaine de morts en Belgique, mardi, la photo, qui exprime la solidarité planétaire face au terrorisme, a fait le tour d’Internet.
Andrej Isakovic, photographe pour l’agence AFP, précise qu’il a pris ce cliché lors d’une manifestation des 12.000 migrants, qui protestent contre les conditions dans le camp d’Idomeni, alors que la situation est dans l’impasse après la fermeture de la frontière.
Isakovic n’a pas interviewé le garçon, mais Fedja Grulovic, photographe pour Reuters, a interrogé plusieurs migrants. «Nous sommes désolés de ce qui s’est passé. Nous fuyons l’Irak et la Syrie pour les mêmes raisons, à cause de Daesh, à cause des kamikazes. Nous partageons le même destin», explique l’un.
Une jeune syrienne s’inquiète. «Ce qui s’est passé en Belgique, c’est mauvais pour nous. Peut-être qu’ils vont avoir encore plus peur de nous et rendre [notre accueil] plus difficile.»