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Après les propos de Patrick Kanner, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, sur la centaine de cités similaires à Molenbeek en France, Alain Duhamel s’interroge : le communautarisme est-il dangereux ?

Le reflux du communautarisme se précipite déjà de façon très spectaculaire, sans même qu’il ait été réellement testé. On a joué avec l’idée, on a expérimenté ici ou là, mais désormais, ce qui l’emporte de beaucoup, c’est le rejet. Le communautarisme, voilà l’ennemi !

Il y a une génération, la réponse était négative. On voyait volontiers, à gauche et parfois au centre, le communautarisme comme une solution apaisée, tolérante, consensuelle au phénomène de l’immigration. Le communautarisme apparaissait alors en traitement moderne et libéral de la question toujours délicate de la coexistence de populations n’ayant ni la même histoire, ni la même langue d’origine, ni la même religion, ni le même mode de vie. C’était la lecture optimiste d’un destin commun : acceptons nos différences et vivons dans l’harmonie. […]

En Europe en revanche, on constate au contraire un net déclin du communautarisme. […]. Jadis regardé comme pacificateur, le communautarisme y est maintenant présenté par ses adversaires comme profondément déstabilisateur.

En France, il est passé de mode. Il est vrai qu’ici la tradition allait en sens opposé. L’Etat-nation le plus ancien et le plus unitaire d’Europe a longtemps pratiqué l’assimilation pure et simple : qui s’installait en France devait adopter nos lois, nos mœurs, nos rites, notre culture, notre langue : tous gaulois ! Puis, avec la décolonisation et l’immigration économique (largement organisée par la France), s’est imposée l’intégration : respect des lois, partage du système scolaire, économique et social, acceptation prudente de traditions culturelles et religieuses différentes, voire, sans l’avouer, de structures familiales différentes. Après quoi est apparue la tentation, d’ailleurs minoritaire, du communautarisme, émergeant en France au moment même où il commençait à être contesté dans les pays voisins.

[…]

Il y a à cela cinq raisons décisives : une immigration mal pilotée, le poids de la crise, la ghettoïsation des nouveaux venus, l’offensive violente des jihadistes, la montée de la xénophobie et du nationalisme. […] Le communautarisme est devenu une impasse et l’intégration, un semi-échec.

Libération

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