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Il aimait le foot, la musique et sa famille, et voulait devenir coach sportif. Quentin Roy a tout abandonné pour partir en Syrie. Où vivait-il ? Qu’a-t-il fait là-bas? Ses parents ont appris son “martyre” en janvier 2016. […]

Véronique et Thierry sont des parents tolérants et ouverts, tendance cathos de gauche, aux amitiés multiethniques. Lui, le colosse aux origines haïtiennes, batteur dans un groupe amateur, distribue des produits cosmétiques. Elle, la petite blonde solaire, adepte de yoga et de peinture, est directrice de clientèle dans un magazine de santé. Yannis, le frère aîné, ingénieur, travaille du côté de Lausanne, en Suisse.

Après avoir décroché son bac S au lycée privé catholique l’Espérance, à Aulnay-sous-Bois, Quentin a entamé des études de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). Il entraîne les poussins du Sevran Football Club et se verrait bien coach, plus tard. Il a une petite amie et une bande de potes, il joue du piano et du ballon rond. Bref, un garçon bien dans sa peau, même s’il manque un peu de confiance en lui-même.

Chez les Roy, l’islam de Quentin n’est pas tabou, au contraire. “On a beaucoup, beaucoup, échangé sur ce sujet avec lui, raconte Véronique. Il parlait aussi religion avec son grand-père, colonel de gendarmerie et ancien pensionnaire du petit séminaire. Au fond, il cherchait notre approbation.” Son fils aspire à un monde moins obsédé par la consommation et l’argent, plus spirituel et solidaire. “Une proie idéale pour les fondamentalistes“, décrypte-t-elle aujourd’hui.

Au fil des mois, pourtant, les indices de radicalisation se multiplient. Le jour des funérailles de sa grand-mère paternelle, Yannis retrouve son petit frère en larmes derrière l’église. Quentin aimerait assister à la cérémonie, mais il ne peut pas, ne doit pas – ce serait “péché”. Il se fait tirer l’oreille pour partager le repas de Noël. Refuse de dîner en famille si une bouteille de vin est posée sur la table. Arrête le piano. Rompt, douloureusement, avec son amoureuse. Le monde se divise désormais entre ce qui est haram ou halal (illicite ou licite). Parce que, chez Décathlon, on autorise les pauses cigarettes, pas les prières, il abandonne son job de vendeur. […]

Le lendemain, Quentin se manifeste: “Coucou, Maman!” L’échange est bref. Les morts et les blessés? Les familles endeuillées au nom du djihad? “Je comprends que vous soyez choqués, mais c’est la guerre, on est attaqué…” Suit une citation du Coran. Après, c’est le silence. Pas un appel, passé ce week-end de sang et de larmes. Les Roy n’en finissent pas de ressasser des questions auxquelles ils n’auront jamais de réponses. Quentin a-t-il voulu fuir? A-t-il été jeté en prison? Acculé à une mission suicide? Ou bien a-t-il choisi de rompre le dernier lien avec les siens? Leur fils aurait eu 24 ans le 16 avril.

Véronique et Thierry sont en colère contre la municipalité de Sevran, qu’ils accusent d’immobilisme face aux “recruteurs-rabatteurs-endoctrineurs” sévissant dans la ville. Début mars, par une lettre ouverte au maire, l’écologiste Stéphane Gatignon, ils déplorent cette inaction et le retard pris dans la diffusion du numéro gratuit permettant de signaler les cas de radicalisation. “Cette posture confine à la non-assistance à personnes en danger“, tancent-ils. A la mairie, on fait valoir que 14 Sevranais seulement sont partis en Syrie: “Ici, ce n’est pas Molenbeek!”

MSN

Merci à YOYOFAAA

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