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Tribune de Fabien Forge (Economiste à l’université d’Ottawa (Canada) et Virginie Martin (Politologue à Kedge Business School, présidente du « think tank » Different).

Schématiquement, si Mohammed retrouve un emploi avant Jean, alors ce surplus de demande créerait les raisons d’embaucher Jean qui, lui, n’est pas discriminé… alors que l’inverse n’est pas vrai. Dit autrement, lutter contre les discriminations n’est pas un jeu à somme nulle, mais au contraire un moyen puissant de redynamiser l’économie française.

La question de l’« apartheid » en France, pour reprendre le terme utilisé par le premier ministre Manuel Valls, nourrit beaucoup de fantasmes et de positions tranchées, avant tout fondées sur des croyances. […]

Ainsi, être rattaché à l’islam et/ou avoir un nom à consonance africaine revient à diviser par trois, voire plus, la simple possibilité d’obtenir un entretien d’embauche.

Bien entendu ce n’est pas la seule cause de la situation économique des habitants de banlieue : lorsque ceux-ci ne s’autocensurent pas dans leurs choix d’orientation ou de prospection d’emploi, leur niveau de qualification scolaire plus faible que la moyenne nationale constitue un frein important, que l’on appelle les « prédiscriminations ».

Une politique intelligente de lutte contre les discriminations doit donc jouer à l’intersection de ces problématiques, et le « jeu en vaut la chandelle ». Dans son livre Talents gâchés (2015), le think tank Different s’est interrogé sur l’impact économique agrégé qu’aurait la fin de ces discriminations sur l’économie française.

Si les banlieues ressemblaient au reste de la France, c’est au moins 10 milliards d’euros par an qui pourraient être gagnés par l’économie : 7 milliards si le taux de chômage était dans la moyenne nationale, 3 milliards si la structure des qualifications était la même que pour l’ensemble du territoire.

Comment est-on parvenu à calculer cette somme ? […]

Le Monde

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