07/04/2016
« Non, ce n’est pas de l’évasion fiscale ! Et non, l’Etat français n’a absolument pas été lésé ! » tempête Frédéric Chatillon, ami de longue date de Marine Le Pen. Vingt-quatre heures après les révélations du « Monde » et du Consortium international de journalistes d’investigation dans l’affaire des Panama Papers, l’ancien président du GUD (groupuscule étudiant d’extrême droite) — dont le nom est associé à ces milliers de personnalités qui seraient impliquées dans un système mondial d’évasion fiscale — refuse d’être mis dans le même panier. […]
Un virement de 316 000 € de la société Unanime, une des filiales de Riwal, vers Hongkong puis Singapour, apparaît en effet dans les listings. Mais pour Chatillon, il s’agissait d’investir sur le continent asiatique, avec l’espoir d’y trouver des perspectives de rentabilité bien supérieures à celles de l’Europe.
Illégal ? « Absolument pas, rétorque son avocat. D’ailleurs, ces sommes transférées à l’étranger ont été déclarées dans les bilans comptables de mon client pour l’année 2013. »
Selon ces documents, que nous nous sommes procurés, un compte ouvert à Hongkong a bel et bien été mentionné cette année-là dans ces documents déposés au registre du tribunal de commerce de Paris, avec la somme de 316 600 € inscrite dans la colonne « participation ».
« Tout est déclaré, poursuit Chatillon. L’argent investi a été soumis à l’impôt en France. »
04/04/2016
C’est la seconde bombe attendue pour demain, mardi 5 avril. Le Monde doit poursuivre ses révélations dans l’enquête dite des “Panama papers” en dévoilant le nom d’un parti politique français impliqué dans des activités offshore. Peu après 17 heures ce lundi 4 avril, Frédéric Chatillon, ancien leader du GUD, proche de Marine Le Pen et fondateur de l’agence de com’ Riwal — elle-même prestataire de services pour le Front national — a publié un billet sur Facebook pour… “s’auto-outer”.
L’homme y explique qu’il pense avoir “les honneurs du ‘Monde‘” mardi car il a été “interrogé il y a quelques semaines par deux journalistes” à propos “des investissements [qu’il] avait pu réaliser en Asie“. Afin d’attirer la lumière sur lui, plutôt que sur le FN, et de déminer l’information avant qu’elle ne sorte, Chatillon — déjà mis en examen dans le cadre du financement de la campagne de Marine Le Pen en 2012 — livre sa version des faits avec force détails […]
“j’aurai droit demain aux honneurs du Monde dans l’affaire de #Panamapapers. Deux journalistes, Simon Piel et Anne Michel m’ont interrogé il y a quelques semaines, par le biais de mon avocat, sur des investissements que j’avais pu réaliser en Asie. C’est vrai que le sujet est sexy et ma proximité avec le FN le rend encore plus. J’ai bien entendu mis à disposition de ces deux journalistes les documents prouvant la parfaite légalité de ces opérations. Comme j’ai l’impression que le but de ces journalistes est de créer le trouble et la suspicion, je vais prendre les devant pour m’ « auto-scooper » et éviter de laisser se développer d’extravagants fantasmes.” […]
Pendant que Frédéric Chatillon s’outait pour déminer la bombe, le FN a pour sa part publié un communiqué afin de… relativiser les révélations du Monde :
“Les prétendues “révélations” autour du scandale des “Panama papers” n’ont fondamentalement rien de nouveau et sont symptomatiques des vices d’un système qui porte un nom bien connu : la mondialisation sauvage.”
“Des prétendues révélations” qui n’auraient “fondamentalement rien de nouveau“… Faut-il y voir des éléments de langage préparatifs ?