Depuis décembre 2013, Trappes, cette ville de 30 000 habitants, détient un record. Cinquante d’entre eux ont rejoint Daech. Des hommes, des femmes et même des enfants. Des fratries ou des bandes de copains. Un élu accuse Internet. Mais la Toile est la même ici ou dans les banlieues voisines. Pareil pour le chômage, la misère sociale. Pourquoi le terreau de Trappes serait-il plus fertile qu’un autre à l’extrémisme religieux ?
[…]A coups de millions d’euros, la ville s’est rénovée, sans pour autant vaincre les trafics et la voyoucratie. Les tours HLM ont été rasées, remplacées par des pavillons attrayants, des petits immeubles. Allées d’amandiers en fleur, squares verdoyants, aires de jeux pour les enfants… le paysage est soigné. Soixante-dix nationalités y cohabitent. Elles se partagent une église, une synagogue et quatre lieux de prière musulmans, dont la grande mosquée En-Nour, gérée par l’Union des musulmans de Trappes (UMT), proche des Frères musulmans.
[…]l arrive que des ados prient dans les vestiaires du stade, qu’ils refusent de se mettre nus pour prendre leur douche. Les commerces se communautarisent. Toutes les boucheries sont halal. « On réclame un boucher traditionnel, déplore une élue, mais on n’en trouve pas. Ils craignent de ne pas avoir assez de clients ! » On redoute également la déscolarisation. A Sevran, à quelque 50 kilomètres de là, 60 gosses ont été retirés de l’école par leurs parents. On les a retrouvés dans des appartements, sous l’influence d’une école coranique clandestine…
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