Fdesouche

Tribune de Rachid Benzine, islamologue, enseignant à l’IEP d’Aix-en-Provence sur le salafisme dont certains adeptes “ne versent pas dans la haine et dans la violence“.

Le vocable «  salafisme  » n’est pas d’un usage ancien, contrairement à ce que l’on imagine de nos jours. […] [suit un long développement théologique sur le terme “salafisme”]

Depuis les années 1960, avec la fondation de la grande université de Médine, l’islam wahhabite saoudien prétend représenter l’orthodoxie sunnite. Les royalties du pétrole lui ont permis, ces quarante dernières années, de « wahhabiser » une grande partie de l’islam.

C’est ainsi que, dans beaucoup de mosquées aujourd’hui, sont véhiculées des idées obscurantistes et dangereuses (telles que la comparaison des juifs avec des singes ou l’assimilation des chrétiens à des porcs), qui ont pour caractéristique première une lecture complètement décontextualisée, non historique, du texte coranique.

Ainsi, on peut dire que les monstruosités actuelles de Daech sont issues de ce terrain idéologique. Les effets des discours étant dorénavant démultipliés par la diffusion instantanée des messages au plan mondial.

Il convient cependant de remarquer que tous ceux qui se réclament, de nos jours, du salafisme, y compris en référence à l’islam enseigné en Arabie saoudite, ne versent pas dans la haine et dans la violence. Il existe même des salafistes piétistes non violents qui cherchent à vivre entre eux ce qu’ils considèrent être le seul « pur islam ».

C’est pourquoi les récents propos du premier ministre, stigmatisant une grande partie des musulmans de France en considérant que le salafisme aurait gagné partout, s’avèrent dangereux, car outrancièrement simplificateurs. Au contraire, la majorité des musulmans de France s’inscrit plutôt dans un islam de plus en plus pluriel, voire de plus en plus sécularisé et privatisé, contrairement aux apparences. Néanmoins, il faut tout faire pour que le salafisme version wahhabite ne triomphe pas !

Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux