Dimanche, il devait y avoir des concerts et de la joie, au camp de migrants de Chocques. Comme elle le fait régulièrement à Norrent-Fontes, l’association Terre d’errance convie bénévoles, habitants et exilés à se rassembler autour de groupes, pour un après-midi solidaire. Le goûter du 17 avril était par exemple sa réponse pacifique à la demande d’expulsion du campement entérinée récemment par le tribunal de Béthune.
Mais étant donné le contexte, l’association a préféré annuler. « Après cette agression vraiment très particulière, personne n’a le cœur à faire la fête, explique Nan Suel, secrétaire de Terre d’errance. Les exilés sont choqués. » Les bénévoles, inquiets et désolés pour les victimes, cherchent eux aussi une explication logique à cet acte violent. « En tout cas, on est OK pour aider la gendarmerie à trouver les coupables. »
Récupération politique
Cette agression et les amalgames qu’elle engendre parfois met à mal une partie du travail qui est mené sur le terrain. « On comprend absolument la réaction de la maman d’une des victimes, c’est la récupération politique de cet événement qu’on condamne. » L’information de l’agression, qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux, est en effet exploitée par des groupuscules d’extrême droite.
Le monde des exilés, n’est pas un monde merveilleux. Et ceux qui arpentent chaque jour les allées des camps le savent bien. Mais concernant cette agression, la position de Nan Suel est sans équivoque : « On ne veut pas que les explications deviennent des excuses. »