Les personnels du collège République de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ont fait valoir, lundi 11 avril, leur « droit de retrait ». Un mouvement reconduit jusqu’au début des vacances, vendredi 15.
C’est parce qu’ils ne se sentaient plus en sécurité dans leur établissement – et « pas parce qu’ils ont peur de leurs élèves », tiennent-ils immédiatement à préciser.
D’où vient cette violence ? « C’est d’abord une violence d’Etat qui investit moins pour nos élèves que pour leurs petits camarades parisiens… et les jeunes le savent bien », s’indigne Jules Siran, enseignant d’histoire-géographie.
Les 720 élèves ont été priés de rentrer chez eux ; le chef d’établissement revendique, lui, de rester silencieux. Alors les professeurs ont pris la parole – votant en assemblée générale la médiatisation des tensions qu’ils vivent au quotidien, explique Jules Siran, enseignant d’histoire-géographie. Et ce même s’ils sont bien conscients des «risques de stigmatiser un peu plus un territoire, le ‘9-3’, qui a davantage besoin de sérénité et de moyens que de caméras de télévision», ajoute ce syndicaliste de Sud Education. […]
«Jets d’asticots en classe, de boules puantes, de fumigènes, de pétards… Départ de feu, jeux avec briquets, crachats sur des adultes, bagarres constantes, violences verbales et physiques, dégradation du matériel… » La liste à la Prévert qu’ils ont imprimée sur une feuille A4 n’a rien de poétique. Mais elle leur permettra, espèrent-ils, d’expliquer le mouvement aux parents invités à les rencontrer à la veille des vacances. […]
Le déclic collectif a eu lieu après un incident, mardi 5 avril, que les professeurs ne veulent pas qualifier d’agression. «Ce sera au conseil de discipline réuni après les vacances de trancher», fait valoir Yvain Jones, professeur de physique-chimie. «Ce mardi-là, faute de classe disponible mais surtout faute de surveillants en nombre suffisant, on a transformé le réfectoire en permanence pour y réunir 200 élèves, raconte Guillaume Lamouroux, enseignant de SVT. A un moment, un assistant d’éducation a senti un coup de chaud sur la nuque. Quand il s’est retourné, il avait face à lui un élève avec un lance-flammes artisanal bricolé à partir d’une bombe de déodorant et d’un briquet. » […]