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Après le renforcement de la sécurité dans le Calaisis, d’autres villes situées sur le littoral de la Manche sont confrontées à l’arrivée des réfugiés.

Dieppe, Cherbourg, Ouistreham, Roscoff, Dunkerque, Saint­-Malo, Le Havre… Ces petites villes tranquilles sont désormais elles aussi au cœur de la tourmente migratoire. Dans de bien moindres proportions que Calais, elles sont pourtant inexorablement gagnées par l’arrivée de réfugiés pour qui ces petits ports assurant la liaison transmanche représentent un espoir plus rationnel que le Calaisis, aujourd’hui dans un dispositif sécuritaire élevé, pour rejoindre la Grande-­Bretagne.

Pour les maires de ces communes, pas de doute sur l’effet des « vases communicants » : le durcissement des mesures prises à Calais en 2015 par le ministère de l’Intérieur pour étanchéifier les zones de passage des migrants vers la Grande­-Bretagne a reporté et essaimé les populations plus en amont. Dans le jargon des forces de l’ordre, on appelle cela un effet d’« émiettement », de « splash » ou encore de « plumeau ». « Nous constatons un principe de déplacement des filières », résume un expert. Le Calaisis est « devenu une structure morte » depuis que « le port est cadenassé ». Seuls les migrants venus de la Corne de l’Afrique « y restent encalminés car ils n’ont plus d’argent », ajoute-­t­-il. Cette « vaporisation » sur le reste du littoral, est favorisée par l’attractivité du coût des passages, bien inférieur. « Un passeur à Calais, c’est 7 000 euros, ici, c’est gratuit », a confié un Afghan à une association de Cherbourg en parlant d’« organisation entre amis ». Plus que jamais opportunistes, les gangs de passeurs se replient donc sur d’autres « spots ».

Selon un bilan porté à la connaissance du Figaro, pas moins de 600 étrangers en situation irrégulière ont ainsi été interpellés depuis le début de l’année à Dieppe. Soit un pic inédit de 200 par mois. Un phénomène analogue a été observé à Cherbourg, où 774 arrestations de clandestins ont été effectuées en 2015, soit un bond de 1 000 % en un an. Actuellement, une centaine de migrants squatte l’église désaffectée Sainte­-Marie-­Madeleine-­Postel, rue de la Polle. À Ouistreham, quelque 200 personnes sans papiers ont été appréhendées en trois mois, soit quasiment autant que durant toute l’année précédente (300). Des structures d’accueil de jour pour sans-­abri tirent la sonnette d’alarme depuis des semaines « jamais confrontées à une situation d’une telle ampleur », disen-t-­elles. L’une, à Caen, confie qu’elle « a perdu sa mission initiale » pour « désormais accueillir 90 % de migrants ».

Même des villes comme Saint-­Malo, que l’on pouvait croire épargnées, sont désormais aussi concernées. Ainsi, le 12 avril dernier, 7 clandestins, parmi lesquels 4 Irakiens, 1 Iranien et 2 mineurs, ont été interceptés dans le port, cachés dans un camion frigorifique. « Même si certains migrants interpellés plusieurs fois après avoir été relâchés peuvent biaiser les statistiques à la marge, le phénomène est bien réel », constate un fonctionnaire qui relève une « possible organisation de nouvelles filières ». Ainsi, les Albanais seraient plutôt acheminés à Dieppe, les Irakiens à Cherbourg ou encore les Iraniens à Ouistreham. Pour les habitants, le sentiment d’insécurité s’installe. Aux abords des ports, dans les centres­villes ou, comme à Dieppe, au pied des falaises, dans des friches ou des blockhaus, « ces occupations génèrent des problèmes de sécurité et d’hygiène », disent les élus. […]

Le Figaro

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