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Atelier bricolage réservé aux femmes chez Recup’R, Labo Décolonial, manifs anti-relous du Clef… L’agglomération bordelaise recueille en son sein, quelques discrètes bulles de non-mixité. Dans une ville pensée par et pour les hommes, elles se veulent espace-temps de répit pour certaines, de revendication pour d’autres.

« Alors les filles, ça bricole ? » Amélie en avait assez d’entendre des petites remarques, jamais méchantes mais récurrentes, lors des ateliers vélos proposés par Recup’R. En service civique dans la recyclerie depuis un an, elle a eu l’idée d’ajouter un créneau horaire, réservé aux femmes, chaque 3e lundi du mois, de 17h à 21h. Elle l’a appelé le Biclouve.

« Les femmes étaient en minorité dans les ateliers mixtes et souvent elles n’osaient pas redemander une explication et finissaient par se sentir incapables de réparer leur vélo toute seule » raconte Amélie, au rez-de chaussée du local de la rue des Terres de Bordes.

La soirée Biclouve était aussi l’occasion de se réapproprier l’espace dans la recyclerie, jusqu’ici trop sexiste à son goût. « L’atelier couture était à l’étage, l’atelier vélo au rez-de chaussée, on cantonnait les femmes aux chiffons, les hommes au bricolage, il fallait y remédier ! »

Ce soir-là, dans le garage-atelier, une dizaine de femmes de tous âges et de tous horizons s’affairent sur leur vélo. Isa est là pour donner des conseils et « leur enlever de la tête qu’elles ne peuvent pas toucher une clé de 12 ». (…)

Le Labo Décolonial s’inscrit dans une démarche similaire. Dès sa création, dans le giron de l’Université Populaire de Bordeaux, il ne comptait que des femmes. « Sans doute parce qu’une femme issue de l’immigration, de confession musulmane subit plusieurs discriminations simultanées, ça a fait levier », avance Paolina Caro, sa fondatrice

Cette psychologue sociale ne se retrouvait pas dans l’Université Populaire de Bordeaux, « majoritairement blanche et composée de personnes de la classe moyenne. »

Elle a alors imaginé une commission plus représentative, autour d’une perspective décoloniale, avec pour objectif de « décoloniser tout ce qui a été colonisé : les savoirs, le langage, les manières d’agir et de s’organiser, les esprits, le temps, les corps » peut-on lire sur la page d’accueil du site internet du Labo décolonial. La non-mixité de fait est alors choisie pour les réunions de travail, les temps de réflexion. (…)

A la Maison des femmes de Bordeaux, la vision de la mixité est moins binaire : « Nous accueillons toutes celles qui considèrent appartenir au groupe social femmes », explique Audrey Laroche, sa coordinatrice.

Bien souvent, la mixité oppose les hommes cisgenres aux femmes cisgenres, ceux dont l’identité de genre correspond au sexe qu’ils avaient à la naissance. Une construction sociale pointée du doigt par le Baragouinage, le premier lieu féministe non-mixte né en 2013 au 68 rue de la Benauge.

« C’est pour créer un espace qui tend à s’émanciper de ce système et de ces normes que nous avons choisi une non-mixité entre gouines, toutes les personnes trans, intersexes, bisexuelLEs, femmes, pansexuelLEs. Mecs cis-genres non inclus. » Cette non-mixité se veut être l’occasion d’une « pause hors d’une mixité inégalitaire (…), le lieu d’une réflexion individuelle et collective, pour prendre conscience ensemble des pratiques d’oppression, les formuler et les déconstruire. » peut-on lire sur la charte du Baragouinage (jointes par Rue89 Bordeaux, ses membres n’ont pas souhaité s’exprimer). (…)

Rue 89

Merci à cathyB

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