Mustafa Abdul-Hamid, 27 ans, a grandi à Ferguson, la localité du Missouri où la révolte noire s’est enflammée après la mort du jeune Michael Brown, tué par la police en août 2014. Arrivé à Stanford par la voie du sport (le basket, qu’il a aussi exercé comme professionnel à Lille en 2010, puis en Allemagne), il termine un master de relations internationales.
A la d.school, le champion de basket s’est aussi lancé dans un autre projet avec deux camarades, Amanda Ussak et Lucy Svoboda. Un projet qui lui tient à cœur : favoriser les liens entre la police et la population par la technologie. Il sait d’expérience que la tension monte vite entre jeunes et policiers. « En tant qu’Afro-Américain, je suis de l’autre côté », indique-t-il pudiquement, sous-entendu pas le bon.
Mustafa a choisi le cours intitulé « Design thinking pour les innovations en politiques publiques ». Les responsables de l’école sont persuadés que leur philosophie peut aider à résoudre des conflits religieux ou ethniques. L’exercice de base est l’apprentissage de l’écoute. Les étudiants participent à des jeux de rôle. Ils apprennent à ne jamais dire « non » à un interlocuteur, ni même « oui mais », qui trahit qu’ils ont une autre vision en tête. La réponse empathique est : « oui et », qui va dans le sens de l’autre. L’idée de Mustafa et de ses camarades est de créer une passerelle entre les communautés par le moyen que les jeunes utilisent le plus pour communiquer : le SMS.
Avec l’assistance du juriste Mugambi Jouet, qui enseigne à la faculté de droit, l’équipe a convaincu la police de Palo Alto, la ville voisine, de participer au projet. Les habitants qui ont eu affaire à un policier sont invités à « noter leur expérience » en envoyant un SMS au numéro indiqué. La police s’est engagée à répondre. « Nous espérons pouvoir ouvrir la boîte noire de la suspicion réciproque qui conduit à l’escalade », dit Mustafa. […]
Merci à cathyB