Avec le « Téléphone arabe », un dispositif qui fait appel aux arts graphiques, à la vidéo d’animation et au recueil de témoignages sur les discriminations, Ali Guessoum et son association Remembeur inventent de nouveaux outils de lutte contre le racisme, entre humour, réflexion et libre expression. Entretien.
Ali Guessoum : Il fallait mettre un coup de pied dans les outils traditionnels d’éducation populaire : les techniques de communication ont évolué, nous sommes dans l’ère du digital. D’un point de vue graphique, je me suis appuyé sur l’exposition d’affiches, créée pour le 30e anniversaire de la Marche pour l’égalité. Le public est mis en présence de quelque chose de beau, de vrai, de drôle, pas question de sombrer dans la victimisation, le misérabilisme. L’idée était de porter comme un regard d’éditorialiste sur la mémoire coloniale, les luttes pour l’égalité des droits, jusqu’à la banane jetée à la figure de Christiane Taubira, qui devient sur l’une des affiche une banane wharolienne pour dénoncer la « bananisation » du racisme comme glissement extrême. […]
(…) Finalement, nous avons trouvé un bus équipé d’un dispositif multimédia, avec une salle de cinéma permettant de diffuser ces dessins animés. Nous avons aménagé, à l’avant du bus, un espace plus intime, aux allures de confessionnal, qui permet à chacun de se confier, de se raconter devant une caméra. Ces témoignages dessinent des histoires singulières, et autant de rapports différents aux injustices, aux inégalités, aux discriminations fondées sur l’origine, la religion, la couleur de peau. Nous travaillons maintenant à la restitution de cette parole. […]
Merci à cathyB