En moins de quarante-huit heures, Gérard, un étudiant franco-sénégalais de 28 ans, s’est retrouvé de la Caisse d’allocations familiales à la barre du tribunal correctionnel de Poitiers, il y a quelques jours, encadré par trois policiers […] la procureure estimant que « s’il avait fait profil bas à l’audience (elle) n’aurait pas demandé de mandat de dépôt… »
Voici comment une vie banale peut basculer, en quelques heures, de la liberté à la détention entre erreurs, énervements, violences et injures raciales. Un grand gaillard bien élevé qui parle posément. Un mercredi, il se rend à la CAF. Il a perdu son téléphone portable là-bas. Il a la mauvaise idée de garer son véhicule sur l’accès au « drive », qui permet de déposer des courriers sans sortir de son véhicule. Mais ce n’est pas un endroit pour stationner. Les autres conducteurs s’énervent. Gérard aussi. Le ton monte. Un des automobilistes se prend un coup de poing au menton.
« Ce qui m’a énervé ? Ils ont proféré des injures raciales. Ils m’ont traité de singe. Je suis un être humain. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. » Deux femmes accusent aussi Gérard d’avoir porté des coups. Il nie. Aucune ne dispose d’ailleurs à l’audience d’un certificat médical attestant d’une quelconque ITT. Et la spirale infernale continue. La police intervient à la CAF. Et tout part en vrille au commissariat. Gérard, pour une raison inconnue, aurait tenté d’étrangler un policier, ce qu’il nie.
Bref, pour la procureure, ça « vaut » 8 mois de prison, dont quatre avec sursis. Soit quatre mois ferme ! L’avocate de Gérard s’étouffe : « Je ne veux pas être désagréable mais il n’y a rien dans ce dossier. […] Avant d’entendre le délibéré (8 mois de prison dont 4 en sursis simple sans mandat de dépôt), Gérard avait indiqué calmement au président : « J’ai passé le concours de la gendarmerie et je veux devenir expert-comptable. Si vous me condamnez, je n’aurais plus de casier judiciaire vierge. Si c’est pour me punir, sachez que c’est déjà fait ! »
Merci à chandid
