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Tous les opposants au revenu universel s’accordent à dire qu’une telle mesure coûterait trop cher. Les chiffres bruts sont, il est vrai, assez vertigineux.

Un revenu de base de 450 euros pour les 51 millions de Français majeurs et de 255 euros pour les 15 millions de mineurs représenterait 320 milliards d’euros  ; à 800 euros par personne, c’est 450 milliards, soit les dépenses de la Sécurité sociale  ; à 1500 euros par adulte et 750 euros par mineur, comme le préconisent les partisans d’un ­ ­ «revenu d’existence», tel l’économiste et sociologue Bernard Friot (université Paris-Ouest), c’est 1 000 milliards, la moitié du PIB !

L’économiste Pierre Cahuc (Centre de recherche en économie et statistique, Crest), spécialiste du marché du travail, estime que si son montant est bas, le revenu de base ne fera pas mieux que le RSA et les transferts sociaux et fiscaux tels qu’ils existent aujourd’hui  : la nouveauté serait seulement de simplifier le système, ce sur quoi tout le monde est d’accord… à ceci près que chaque niche fiscale ou sociale a ses défenseurs.

Mais si son montant est élevé, ajoute Bruno Palier ­ (Sciences-Po), spécialiste de la protection sociale, comment le financer  ? En supprimant les prestations sociales  ? Cela reviendrait à appliquer le programme ultralibéral, alors que la société a plus que jamais besoin d’investissements publics dans l’éducation, la santé, la dépendance, le logement… […]

Surtout, explique Jean-Marc Hyafil (MFRB), « ce qui compte, c’est l’effet redistributif du mode de versement du revenu de base». Le piège politique est de présenter celui-ci comme une hausse ­des dépenses sociales, et donc des prélèvements obligatoires, alors qu’il ne s’agirait que de distribuer autrement des dépenses auxquelles la société consent déjà à travers des budgets publics.
Ce à quoi Yannick L’Horty (université Paris-Est), économiste du travail, rétorque que « si le revenu de base ne modifie pas la distribution des revenus, à quoi sert-il  ? »

Le Monde

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