Fdesouche

Article de Nicolas Truong sur le livre de François Heisbourg, ” Commen perdre la guerre contre le terrorisme”. François Heisbourg est conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

Etrange défaite. Comment, le 13 novembre 2015, des petites frappes du djihad de quartier ont-elles pu faire vaciller notre pays, sa cohésion, ses valeurs et sa Constitution ? […]

Président du Centre de politique de sécurité de Genève, ce chercheur mesuré n’a pu s’empêcher de sortir de la réserve à laquelle il était habitué. Car c’est un « homme en colère » qui dresse le réquisitoire sévère des défaillances françaises. […]

Accablant bilan stratégique, mais aussi terrifiantes erreurs idéologiques. Car on ne fait pas la « guerre au terrorisme », comme le dit ­Manuel Valls. […]

Et choisi même « l’hystérisation du débat », avec « l’atroce » proposition avortée de loi sur la déchéance de nationalité, qui aurait pu constitutionnaliser la « discrimination négative ». Idem pour ce préoccupant « état d’urgence permanent » que la France installe insidieusement.

Il y a donc urgence. Urgence à sortir de la suffisance française, notamment incarnée par ces ministres de la République prompts à moquer les autorités belges après les attentats du 22 mars à Bruxelles, alors que Salah Abdeslam fut contrôlé trois fois le 14 novembre au matin par les policiers français avant d’entrer en Belgique au lendemain des massacres. Urgence à en finir avec les «petits calculs sordides» du «machiavélisme présidentiel » destinés à «servir la soupe politique et idéologique au Front national». Urgence de combattre «l’iniquité et l’injustice» avec lesquelles sont traitées les minorités visibles en France. Car cette politique de la discorde risque bien de faire grossir les rangs des adeptes du djihad.

Et la menace d’expansion est là, prévient François Heisbourg : «Nous risquons de franchir le seuil qui sépare le terrorisme comme somme de trajectoires individuelles de l’avant-garde violente d’un mouvement de masse.» N’éteignons pas les Lumières. Ne transigeons pas sur les libertés, œuvrons pour l’égalité et osons la fraternité contre les fratries meurtrières. En un mot, faisons le pari de la République contre la guerre civile.

Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux