Malia Bouattia, élue le 20 avril présidente du National Union of Students (NUS), est accusée de tenir des propos antisémites et de complaisance envers l’islam radical.
Elle porte régulièrement le keffieh dans ses interventions publiques. Se bat pour la cause palestinienne depuis des années. Malia Bouattia, 29 ans, est devenue le 20 avril la première présidente musulmane du plus gros syndicat étudiant du Royaume-Uni, le National Union of Students (NUS) qui fédère plus de 600 associations étudiantes. Élue avec 50,9 % des voix contre la modérée Megan Dunn, cette Algérienne née à Constantine (sa famille a quitté le pays pendant la guerre civile) a étudié à l’université de Birmingham.
Son élection a fait couler beaucoup d’encre, à la veille de la probable élection d’un maire musulman à Londres – le candidat travailliste Sadiq Khan – et dans le contexte d’une multiplication de dérapages antisémites au Labour. En effet, Malia Bouattia est accusée par ses détracteurs d’antisémitisme ainsi que de complaisance envers l’islam radical.
Membre du comité exécutif du NUS, elle avait refusé en octobre 2014 une motion du syndicat qui condamnait l’État islamique au prétexte que celle-ci était «raciste et islamophobe». Intitulée «Iraqi Solidarity» (solidarité irakienne), la motion proposée lors du Conseil exécutif national de la NUS entendait «condamner l’État islamique et soutenir les forces kurdes qui le combattent» tout en précisant que «condamner l’EI et soutenir les forces kurdes ne signifiait pas exprimer sa confiance à l’intervention militaire américaine.». Mais selon Malia Bouattia, qui était à l’époque responsable de la section noire du syndicat, la motion était «islamophobe» et «en faveur de l’intervention militaire des États-Unis en Irak.» «La condamnation de l’État islamique semble être devenue une justification pour la guerre et l’islamophobie», avait alors affirmé Bouattia. Dans une tribune publiée dimanche dans The Guardian, elle se défend de ces accusations: «Je suis la nouvelle présidente du NUS, et je ne suis pas antisémite ni sympathisante de l’État islamique». Elle dit n’avoir demandé que la reformulation de la motion contre l’État islamique.
Se spécialisant dans les études postcoloniales, branche de la sociologie tachant de déconstruire un discours hérité de la période coloniale, elle se bat activement pour la «décolonisation» de l’université. Elle s’est notamment mobilisée dans le mouvement «Rhodes Must fall» qui militait pour enlever la statue de Cecil Rhodes, homme d’affaires fervent apôtre de l’impérialisme britannique, à l’université de Cape Town. Plusieurs formules de sa part ont conduit ses adversaires à la dénoncer comme «antisémite». Dans une conférence, elle avait qualifié l’université de Birmingham de «tête de pont sioniste de l’éducation supérieure». En 2014, lors d’une conférence sur «Gaza et la révolution palestinienne», elle déclare: «Dans les médias sionistes (…), la résistance est présentée comme un acte de terrorisme». En juillet 2015, elle défend l’association CAGE, accusée par David Cameron d’être un groupe extrémiste, alors que l’association avait notamment défendu le bourreau de Daech Jihadi John, décrit comme «un beau jeune homme». Elle avait dénoncé dans la condamnation de Cameron des «relents d’islamophobie». […]
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