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Extraits de l’éditorial du Monde sur l’élection présidentielle en Autriche.
C’était au tournant du siècle. L’extrême droite du populiste Jörg Haider entrait au gouvernement en Autriche. Une première dans le club de l’Union européenne (UE). Forts de leurs valeurs, les Européens avaient immédiatement décidé un boycottage politique de l’Autriche. Quinze ans plus tard, un scénario analogue est en passe de se reproduire : le candidat d’extrême droite (FPÖ), Norbert Hofer, a recueilli 35 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle du 24 avril, loin devant le candidat des Verts (21 %), tandis que les candidats des partis traditionnels, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, ont été laminés avec moins de 12 % des voix chacun. […]

Or, rien ne se passe, comme si l’Europe s’habituait à la montée inexorable des populismes.

D’abord, il y eut une erreur d’appréciation, beaucoup croyant que la fonction de président de la République était essentiellement honorifique. Il n’en est rien. […] Elle octroie au président de la République des pouvoirs forts : il est chef des armées, il peut renvoyer le chancelier et dissoudre le Parlement.

Bien sûr, la crise des réfugiés a accentué la montée des populismes. Le président social-démocrate sortant n’a sans doute pas facilité la tâche de son camp en expliquant pendant la campagne qu’il y avait en Autriche plus de demandes d’asile que de naissances. Il n’empêche, la crise n’est pas conjoncturelle. On n’est plus à l’époque où l’enjeu était de mettre le FPÖ à l’épreuve du pouvoir pour mieux le discréditer. L’extrême droite est conquérante. Et, si Norbert Hofer l’emporte, c’est, après Budapest, Varsovie, Bratislava et Zagreb, à Vienne que la « démocratie illibérale », chère à Viktor Orban, menace de s’installer.
Le Monde

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