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La prison de la Santé, le célèbre centre de détention parisien, est en cours de rénovation. Paris Match a recueilli la parole de gardiens, d’un ancien détenu et d’un médecin. Désespoir, violence et propagande islamiste…
Nostalgique, Gérard, gardien depuis plus de trois décennies, déplore une prison qui change et des codes qui se perdent. Il y a quelques années, par exemple, les grands bandits avaient le statut de patriarche parmi les détenus. « Ils imposaient le respect. Aujourd’hui, les jeunes, les petits dealers ne les respectent plus. Plus de bras que de cervelle ! » conclut-il. Mais contrairement à certains confrères découragés, à bout de nerfs, Gérard arrive à installer un dialogue. « Si on leur enlève ça, que leur reste-t-il ? Bon, l’équilibre est précaire. Toujours prêt à basculer dans la violence. » Etrange milieu où l’on jongle entre rapport de force et indulgence, balisé par une administration rigide. […]
Et il y a le sujet de la radicalisation religieuse. Celui qu’il est interdit d’évoquer avec les journalistes.

Il semble qu’aujourd’hui, en prison, les groupes islamistes font la loi : « Si tu n’es pas avec eux, tu es contre eux. Ils te font la misère… », lâche un observateur. Déjà en 2004, Mouesca avait averti : « Nourris de haine et de violence, ceux qui sortiront seront de véritables bombes humaines. » Est-il trop tard ?

Gérard ne voit pas le piège que lui tend ce jour-là ce détenu condamné pour torture et incitation à la haine. Dans son bureau de surveillant, la discussion, d’abord très ordinaire, dévie peu à peu sur la religion. Trente minutes plus tard, le terrain devient glissant. « Il ne me parle plus de religion mais d’islamisme radical. Je n’ai rien vu venir. Je suis en train de me faire embrigader ! » Le détenu conduit son monologue avec une habileté prodigieuse. Gérard coupe court à la conversation. Mais, aujourd’hui encore, il ne se remet pas de cette expérience. « Je n’ai rien vu venir ! répète-t-il. L’islamisme fait son nid en prison. C’est une réalité et nous y sommes confrontés. Notre mission est difficile : repérer les meneurs et les isoler. Mais ils savent déjouer notre attention. Ils ont compris que se laisser pousser la barbe, refuser du jour au lendemain qu’une femme surveillante entre dans la cellule ou encore arrêter de regarder la télé sont des signes trop visibles. Alors ils rusent, et la tâche devient plus compliquée pour nous. » Une situation stressante pour un personnel à cran depuis les récents attentats.
Gabriel Mouesca a bien tenté d’alerter les autorités : « Depuis plus de douze ans je répète que l’on ne peut pas punir en portant atteinte à la dignité humaine. La prison produit des gens violents, il faut l’admettre. En durcissant les conditions de détention, on crée encore plus de violence, de hargne, de désocialisation. Il naît un désir de vengeance, une solitude. » Le terreau de la mise sous emprise… La violence islamiste fait œuvre de riposte à ce système froid et sourd. […] Paris Match

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