Editorial du Monde sur l’élection de Sadiq Khan à la mairie de Londres.
Contrairement au Parti socialiste français, le Labour a su non seulement faire la place mais aussi promouvoir une élite musulmane en son sein. En France, quelques places sont réservées, au gouvernement, aux éléments les plus prometteurs des milieux issus de l’immigration. Mais les places éligibles dans les listes des partis, au moment du scrutin, restent généralement inaccessibles. C’est une erreur stratégique, que nous payons cher.
« Je m’appelle Sadiq Khan et je suis le maire de Londres. En choisissant d’ouvrir par ces mots son discours d’investiture, samedi 7 mai, le nouveau maire travailliste de la capitale britannique a voulu marquer le caractère historique de sa victoire.
Certains y verront la fierté du fils d’immigrés pakistanais, élevé en HLM, enfant d’une fratrie de huit dont le père était chauffeur d’autobus et la mère couturière, d’être arrivé là, à 45 ans, à la tête de l’une des plus grandes villes d’Europe, après un brillant parcours d’avocat, de député et de secrétaire d’Etat. D’autres préféreront y voir une façon discrète d’affirmer son identité de musulman. […]
En assumant ouvertement leur foi religieuse, Sadiq Khan et sa femme, Saadiya, avocate comme lui, ont pu afficher la face éclairée de l’islam, celle d’une religion ouverte, intégrée à la culture et au mode de vie européens. C’est la meilleure arme contre l’extrémisme islamiste.
Au populisme, au sentiment anti-migrants et au repli nationaliste, les électeurs londoniens ont préféré l’ouverture, l’optimisme et la force de la diversité.
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Certes, Londres, ville-monde, est différente du pays profond. Mais c’est un message que l’on ne dédaignerait pas de voir exporté outre-Manche.
[…] Le Monde