Rien pour ses proches ne permettait d’envisager qu’un jour Oualid El Mouhdi, 22 ans, allait se retrouver devant une Cour d’Assises. Et encore moins avec Mokhtar, son père, sur le banc des accusés.
Ce garçon qui a grandi à Mornas et Mondragon, a basculé dans la délinquance à l’aube de sa majorité. Après une scolarité médiocre et de multiples échecs, il s’est enfoncé dans l’oisiveté et, comme beaucoup, a goûté au cannabis. Jusqu’à fumer 7 à 8 joints minimum par jour pour se “sentir bien”. Mais sa dette envers son fournisseur a augmenté et il s’est senti pris au piège. Obligé sous la menace de représailles de rembourser…
Alors, explique Oualid El Moudhi, le 22 décembre 2014, il a craqué et a franchi le pas. Ce jour-là, il contacte un ami pour récupérer une arme air soft et “monte” au braquage. Il cible le tabac presse de Mornas. La scène dure cinq secondes. Avec en poche un butin de 1700€, il prend la fuite mais tombe en panne d’essence. Il abandonne sa voiture et rentre, après avoir réglé sa dette de cannabis, au domicile familial de Mondragon.
Son père remarque que son fils est fébrile. Oualid après lui avoir raconté une fable confie qu’il vient de commettre un braquage et remet à son père le reste du butin : 480 €. Son père ne peut s’empêcher de laisser couler des larmes. Il refuse que cet argent impur entre dans sa maison et l’enterre dans le jardin. Ils décident ensuite de déposer plainte en inventant un vol de la voiture de Oualid qui a été repérée par les gendarmes. […]
Me El Bouroumi a plaidé la relaxe pour “ce père qui est un parent à perpétuité. Un papa qui s’est retrouvé au coeur d’un suicide familial”. Prenant la parole pour “un grand adolescent”, le bâtonnier Gontard a demandé aux jurés de”laisser de côté les préjugés” et de prononcer “une peine ouvrant la porte à un jeune homme qui a sombré dans l’addiction au cannabis et a pleinement conscience de sa faute”.
Une plaidoirie entendue par la Cour qui a condamné Oualid à cinq ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. Son père a été condamné seulement pour le recel du butin à un an de prison avec sursis. Le parquet envisageait cependant, hier soir, de relever appel du verdict.
La Provence
