La politique et le port du voile étaient au cœur des préoccupations de beaucoup des orateurs invités au rassemblement annuel de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), le mouvement organisateur de ce rassemblement musulman le plus fréquenté d’Europe, proche de la mouvance des Frères musulmans.
Les propos récents de Manuel Valls sur le voile comme instrument d’« asservissement de la femme » et ceux de Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, le comparant à l’esclavage font redouter à beaucoup que le voile et, à travers lui, les musulmans soient entraînés malgré eux au cœur de la prochaine campagne présidentielle.
« Si certains voient dans le foulard un asservissement, nous, nous y voyons un choix strictement personnel et privé », a affirmé le président de l’UOIF, Amar Lasfar, pour qui cet attribut vestimentaire « n’est pas la frontière entre la bonne et la mauvaise musulmane ».
Il a appelé à la défense de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, «libérale et généreuse», contre les «abus du politique»
Lors d’un débat intitulé « L’identité, nouvelle sauce politique », deux élus locaux ont incité les musulmans à s’investir davantage en politique, dans les débats et les mobilisations à portée générale. « Les musulmans prennent des coups, mais ils ne réagissent pas. Ils ne s’investissent pas en politique », a déploré Selimane Abderrahmane, adjoint au maire (divers droite) de Bobigny. « Pourquoi n’y a-t-il personne de chez nous dans les manifestations contre la loi travail ? Ne sommes-nous pas Français ?», a enchéri Abdelkarim Ramdane, écologiste, conseiller municipal de Strasbourg. […]
Interrogé sur le fait de savoir pourquoi, bien souvent, des musulmans préfèrent demander des avis juridiques à l’étranger plutôt qu’à des autorités religieuses françaises, Tareq Oubrou, Tareq Oubrou, membre de l’UOIF et recteur de la mosquée de Bordeaux, a répondu :
«C’est une pulsion exotique : on veut sortir d’un monde considéré comme une souillure. L’islam est devenu la religion de l’anti-système.»