Alors que les violences continuent d’émailler les manifestations contre la loi Travail, les affrontements impliquent maintenant des services d’ordres syndicaux. Chez les manifestants comme dans les syndicats, on redoute l’escalade.
Michelle Biaggi, secrétaire général de FO, a une réponse à l’image de la nervosité qui règne sur le sujet : “Est-ce qu’on va reprocher à nos collègues de vouloir se défendre? Demandez-vous plutôt à qui tout ça profite. Je ne ferai aucun autre commentaire. ”
Interrogé sur la légalité d’emporter des armes de catégorie D en manifestation, Jacques Durin, responsable de service d’ordre de la CGT au niveau régional reconnaît, un peu embarrassé : “Oui, ce n’est sûrement pas légal”. Mais justifie la méthode par l’escalade des tensions avec les groupes de casseurs. “On est pas formés pour faire face à cette violence. Le SO, ça s’apprend sur le tas.”
“Pour moi, participer au service d’ordre (SO), c’est quelque chose de noble. Ça fait partie de la tradition de défense du monde ouvrier.” Avec son gabarit poids plume, Michel n’a pas vraiment le look du gros bras. Mardi, ce conseiller principal d’éducation en lycée faisait pourtant partie des militants syndicaux appelés à maintenir l’ordre pendant la manifestation contre la loi Travail. […]
Mais depuis une semaine, les choses ne se déroulent plus vraiment comme prévu. Lors de la mobilisation du 12 mai, les tensions sont encore montées d’un cran. Ce jour-là, black blocs et forces de l’ordre s’affrontent violemment en fin de parcours. La routine, depuis deux mois. À la différence que cette fois, des membres du service d’ordre CGT et FO sont de la partie. […]
Relayé depuis par des sites libertaires, le bruit que les SO prêteraient mains fortes aux forces de l’ordre s’est répandu comme une traînée de poudre. Mardi après-midi, dans les cortèges, de nombreuses personnes scandaient l’insulte jusque-là employée par des groupes autonomes : “SO, collabos”.[…]
De quoi provoquer des tensions entre camarades. Comme avec Patrice, encarté CGT, qui se met à hurler contre le SO de son syndicat : “Vous protégez personne! Pourquoi vous n’aidez pas les jeunes en bas qui sont en train de se faire gazer? Vous êtes des fumiers”, crie-t-il alors que la tête de cortège avance sans broncher. Furieux, il prévient : “On réglera vos comptes en interne”.[…]
Le JDD