La place des femmes et des minorités ethniques dans les armées européennes est encore loin d’être une évidence. Elle nécessite un profond changement de politique et de culture managériale des officiers intermédiaires. Pourtant, l’intégration de la diversité apporte une grande plus-value lors des nouvelles opérations militaires extérieures.
En Belgique, où les femmes représentent 7,5 % des militaires, l’armée constitue, comme dans la plupart des pays occidentaux, une “source de mobilité sociale ascendante pour les personnes peu instruites et pour les minorités ethniques”, indique Delphine Resteigne, détentrice de la chaire de sociologie de l’école royale militaire de Bruxelles.
Toutefois, la défense belge se révèle peu attractive pour les minorités, qui représentent seulement 1 % des militaires. Comme en France, elle a historiquement adopté une politique d’intégration “assimilationniste”, qui “vise à favoriser l’adaptation des individus d’origine étrangère à la culture des armées contrairement à ce qui se passe au Royaume-Uni”.
Et les multiples formes de diversité sont trop souvent vues comme préjudiciables à l’efficacité opérationnelle. “Dans les discours et les faits, l’homogénéité du groupe reste un prérequis nécessaire pour bâtir la confiance et la cohésion sociale”, souligne l’universitaire.
Cependant, la multiplication des opérations extérieures en Afrique et au Moyen-Orient est en train de faire évoluer les modes de management militaires. Les armées mettent en oeuvre des approches compréhensives qui visent tout autant à sécuriser les populations locales qu’à éliminer les insurgés. Dans ce contexte, “la diversité interne permet de développer une plus grande variété de façons de penser, de développer la créativité et d’améliorer le processus de prise de décision et la qualité des échanges avec la population locale, ainsi que la collecte de renseignements”, explique Delphine Resteigne. (…)
L’approche multiculturaliste, très en vogue dans les pays anglo-saxons, semble gagner peu à peu les armées européennes.
Progressivement, les officiers mettent l’accent sur l’intérêt des militaires issus de minorités ethniques de maintenir “certains de leurs traits culturels distinctifs” qui offrent des avantages pour l’armée. Des textes l’indiquent noir sur blanc en Belgique et aux Pays-Bas. (…)
Merci à Nedved