Editorial de Johan Hufnagel intitulé “Glissade” dans Libération.
Il y a de nombreuses leçons à tirer, pour les Européens, d’une possible victoire de l’extrême droite en Autriche ce dimanche.
La première, c’est que les incantations et les incessants rappels aux «heures les plus sombres de l’Histoire» n’ont plus d’effet sur les électeurs.
La participation au pouvoir des partis d’extrême droite ne vaccine pas non plus les électeurs : ils sont désormais capables de les faire gagner lors d’un scrutin majoritaire.
[…]
La glissade des électeurs européens vers des partis populistes et d’extrême droite ne cachant plus leur haine des immigrés, de l’islam, etc. s’accélère aussi de part et d’autre des Alpes. En France, par exemple, où tous les fronts anti-FN (qu’ils s’appellent «républicain» ou qu’ils portent des «non» en bandoulière) n’ont pas empêché les Le Pen de s’incruster et de gangrener les discours. […]
Le 21 avril autrichien doit aussi rappeler à tous que les lois copiées-collées des thèses populistes ne ramènent pas les électeurs à la maison, mais donnent de la crédibilité à l’adversaire. Ce fut le cas avec la très dure loi sur l’immigration votée récemment par la coalition autrichienne.
Il ne faut pas pour autant se résoudre à la victoire électorale de l’extrême droite, ni même à sa victoire idéologique. Mais pour lui barrer la route, il faudra plus que des incantations. […]
Libération