Il est vrai que les barquettes sous vide servies ici en guise de repas ne sont pas toujours au goût de ces hommes originaires du Soudan, de Somalie, d’Érythrée, d’Afghanistan ou de Libye. Une salariée d’Emmaüs confirme : « Ils veulent en plus de la viande halal, et on ne peut pas leur en fournir. On essaye d’épicer les plats, mais ça ne convient pas toujours. » On est bien loin des revendications d’hier… Du temps où 1 300 personnes s’entassaient ici, se partageant deux toilettes par étage et trois douches au total, et où les bagarres et les nuisances sonores rythmaient le quotidien des occupants.
Emmanuelle Cosse poursuit sa visite dans les locaux entièrement rénovés par Emmaüs (avec le financement de l’État). Elle entre dans une chambre. Ici, avant l’évacuation d’octobre 2015, les matelas s’empilaient et des dizaines de personnes cohabitaient dans une promiscuité parfois malsaine. « Les femmes s’enfermaient à clef dans leur chambre, le soir », raconte une élue parisienne. « Je pense qu’il y a malheureusement eu quelques femmes qui ont été… » La ministre ne finit pas sa phrase, mais on comprend qu’elle évoque des violences sexuelles. […] Le Point