Les sels d’aluminium contenus dans les vaccins sont-ils dangereux ? La Cour administrative d’appel de Lyon a reconnu un lien de causalité entre l’injection d’un vaccin contre l’hépatite B et l’apparition chez une patiente de 65 ans d’une myofasciite à macrophage. Mais ce lien reste scientifiquement contesté.
Les sels d’aluminium sont ajoutés aux vaccins pour stimuler la réaction du système immunitaire et faciliter la production d’anticorps qui vont lutter contre le virus ou la bactérie inoculée. Sans ce “booster” immunitaire, ces vaccins n”auraient aucune efficacité.
Mais comme tout médicament, ils ne sont pas exempts d’effets secondaires. “Le problème c’est que le vaccin est administré à des gens en bonne santé. Ce qui est d’autant plus difficile à accepter, c’est qu’il y ait des effets secondaires liés à l’injection de vaccins chez les gens qui sont en bonne santé. C’est plus acceptable lorsqu’il s’agit de médicaments que l’on donne à des patients qui sont malades”, estime Liliane-Grangeot Keros, secrétaire générale adjointe de l’Académie de Pharmacie.
Depuis la fin des années 1990, des patients accusent l’aluminium contenu dans les vaccins d’être à l’origine d’une maladie rare, la myofasciite à macrophages. Une maladie neurologique qui se manifeste par des douleurs musculaires, des douleurs articulaires, un épuisement chronique, et des troubles cognitifs. “Des symptômes suffisamment forts pour qu’à peu près 80% des personnes ne puissent plus travailler, sortir le soir, recevoir des amis, c’est une maladie qui est très invalidante”, affirme Didier Lambert, président de l’Association d’entraide aux malades de myofasciite à macrophages (E3M).
Pour Didier Lambert, aucun doute, les sels d’aluminium contenus dans les vaccins sont responsables de sa maladie. Un avis contesté par le dernier rapport de l’Académie de Pharmacie dans lequel on peut lire : “Même si certaines manifestations cliniques sévères ont pu être associées à des injections vaccinales, aucun lien de causalité n’a pu être établi, à ce jour, avec les adjuvants aluminiques.”
“Sur un plan purement scientifique, on peut dire que la preuve ultime n’existe pas encore”, reconnaît Didier Lambert “mais les alertes sont suffisamment fortes maintenant pour que l’on prenne des décisions fortes et en particulier de travailler sur les alternatives.“ Parmi ces alternatives, il y a le phosphate de calcium sur lequel l’Institut Pasteur travaille depuis des années.
L’Académie de Pharmacie encourage la recherche d’alternatives aux adjuvants aluminiques. Mais les enjeux économiques sont de taille. “Le phosphate de calcium a été abandonné il y a déjà longtemps et il faudrait reprendre des études pour le remettre sur le marché. Le problème c’est que les industriels du vaccin ne fabriquent pas que pour la France. Et ils se disent : en gros il n’y a que la France qui se plaint de l’aluminium, à quelques exceptions près. Donc est-ce que c’est suffisant pour remettre sur le marché le phosphate de calcium, alors que l’on considère que l’aluminium n’est pas dangereux ?“, explique Liliane-Grangeot Keros, secrétaire générale adjointe de l’Académie de Pharmacie.
D’après le rapport de l’Académie de pharmacie, les études sur la dangerosité de l’aluminium doivent être poursuivies. En attendant, les autorités sanitaires considèrent que les adjuvants aluminiques présentent plus de bénéfices que de risques. “Le vaccin sauve 3 millions de vies par an donc le bénéfice de la vaccination aujourd’hui ne fait aucun doute. L’aluminium est utilisé dans les vaccins depuis très, très longtemps, donc s’il y avait vraiment un problème majeur, les choses se sauraient et on aurait remis en cause l’intérêt de la vaccination”, affirme le Pr Odile Launay, infectiologue à l’hôpital Cochin (AP-HP).
Les doses d’aluminium contenues dans un vaccin sont extrêmement faibles : seulement 0,6 mg. Une quantité dérisoire, comparée aux 3 à 15 mg quotidiens contenus dans l’air, l’alimentation ou les anti-transpirants, les principales sources d’exposition à l’aluminium.