Il y a maintenant aux Pays-Bas un parti pour immigrés et personnes issues de l’immigration : Denk. Ce “mouvement”, comme il se nomme lui-même, fait de plus en plus parler de lui, et pas seulement dans les médias. Denk a été fondé fin 2014 par deux députés d’origine turque, Tunahan Kuzu et Selcuk Öztürk, qui avaient quitté le groupe social-démocrate après un différend sur la politique d’intégration du gouvernement.
Ce qui ressemblait au début à une guerre intestine de deux pieux musulmans contre une social-démocratie néerlandaise critique vis-à-vis de la Turquie, a pris ces jours-ci parmi les jeunes néo-Néerlandais la dimension d’un phénomène de mode.
[…] Ce qui était considéré comme un groupuscule a obtenu définitivement il y a une semaine une publicité à l’échelle nationale, lorsque Sylvana Simons, animatrice connue de la télévision dont la famille est originaire de l’ancienne colonie du Surinam, a annoncé sa candidature pour les élections nationales de l’année prochaine.
Öztürk et Kuzu s’opposent à une discrimination qu’ils assurent grandissante de la part de la société néerlandaise, où l’on refuse à des gens emplois ou promotions à cause de la couleur de la peau ou d’un prénom islamique.[…]
Pour eux, on ne peut absolument pas qualifier les massacres d’Arméniens par les Turcs pendant la Première guerre mondiale de génocide. Critiquer Erdogan est complètement tabou.[…]
En une année, le parti a obtenu l’adhésion de plus de 2000 membres, et des sociologues parlent d’un potentiel électoral allant jusqu’à un million de Néerlandais. Lors de leur première participation à des élections l’an prochain, ils espèrent[…] au moins cinq sièges à La Haye.
Pour la base du parti, ce qui importe, ce sont des choses bien profanes, comme le transfert légal des retraites en Afrique du Nord, les allocations familiales jusque dans les pays d’origine, mais aussi un “registre du racisme” avec les noms des fonctionnaires néerlandais qui ne se conduisent pas avec assez de respect envers les immigrés. Cet agenda rend le président du parti Öztürk optimiste, et il compte bien prendre beaucoup de voix aux prochaines élections, particulièrement aux sociaux-démocrates.
(Traduction Fdesouche)
DIE WELT