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Au moment des élections en Autriche, de nombreux commentateurs ont fustigé le «populisme» du candidat du FPÖ. Retour sur une notion souvent abordée de façon paresseuse, estime Vincent Coussedière, agrégé de philosophie.

«Le populisme est anti-islam et (ou) anti-immigré et (ou) anti-européen»: Fort bien, mais un tel reproche suppose t-il alors qu’il faut être pro-islam ou pro-immigré ou pro-européen?

Le discours sur le «populisme» fonctionne comme une idéologie paresseuse, par laquelle les élites politiques et intellectuelles cherchent à éviter le défi qui leur est posé: reconstruire une véritable offre politique. Les exemples pris ci-dessous de cette novlangue ne sont bien sûr pas exhaustifs… […] Si montée du populisme il y a, ce n’est pas celle d’une idéologie concertée et structurée comme au temps du fascisme et du communisme. C’est celle d’une demande politique des peuples européens confrontés à des défis communs qui ne sont pas pris en charge par les soi-disant partis de gouvernements. […]
Marine Le Pen : Présidente du Front National (France); Nigel Farage : Président du Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP) (Royaume-Uni) ;Frauke Petry : Présidente de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) (Al:emagne): Matteo Salvini : Secrétaire fédéral de la Ligue du Nord (LN) (Italie)
L’hésitation des commentateurs sur la nature du populisme leur fait choisir souvent d’autres expressions: «repli nationaliste» et «extrême droite» sont les plus fréquemment employées. L’ennui est que ces expressions ne sont pas plus précises et pas moins dénuées d’ambiguïtés que celle de «populisme». […] Quant à l’ «extrême droite», de quel extrémisme parle-t-on et de quelle droite? L’extrémisme suppose une visée révolutionnaire ou l’usage de la violence, ce qui ne s’observe pas pour nombre de mouvements populistes européens, la «droite» quant à elle peut être pensée sur un plan économique (ultra-libéralisme) ou institutionnel (nostalgie monarchique) ou moral (mœurs)? […] «Populisme et islamisme»: […] Le renvoi dos à dos, et très à la mode, du «populisme» et de «l’ islamisme», est un cas d’école de cet aveuglement idéologique. Il semble malheureusement promis à un grand avenir. […] «Populisme protestataire et partis de gouvernement»: On répète sans cesse que les partis populistes sont des partis «protestataires» qui critiquent les politiques suivies par les partis de «gouvernement». Il en irait de même pour leurs électeurs qui voteraient par simple «déception» subie à l’égard des autres partis. On oublie que la «protestation» dure depuis si longtemps qu’elle n’aurait pu se maintenir et s’amplifier sans avoir un caractère affirmatif. En réalité les partis populistes ont su s’adapter à une demande politique beaucoup plus précise et affirmative que ne veulent le voir les commentateurs. […] Populisme et crise d’identité» : […] On regarde ces peuples encore un peu immatures avec une certaine commisération… Ils sauront bien traverser, moyennant un peu plus de dressage médiatico-politique envers les bienfaits du multiculturalisme européen, cette phase ingrate et «populiste» de leur adolescence. Les «experts», tuteurs inquiets des peuples européens, se penchent attentivement sur la crise, et s’attachent à diluer tous les «fantasmes» propres à cette période ingrate de la vie… Peuples européens, semblent-ils dire, encore un effort pour être multiculturels ! […] Le Figaro

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