Pour Laurent Chalard, géographe-consultant, membre du think tank “European Centre for International Affairs”, au regard des évolutions démographiques et sociologiques à venir, les droites populistes, en Europe comme aux Etats Unis, pourraient perdre leur solide assise électorale et disparaître du paysage politique.
Dans quelle mesure la droite populiste (en Europe comme aux Etats-Unis) peut-elle de souffrir d’un déficit électoral dans les prochaines années ?
[…] La population âgée, qui finira par décéder, serait remplacée par des jeunes générations beaucoup moins sensibles aux sirènes des idées populistes, d’autant que leur niveau d’éducation est plus élevé que celui de leurs aînés, la poursuite d’études supérieures, rare chez les personnes âgées de plus de 50 ans, se généralisant chez les jeunes générations.
Cependant, rien n’est moins sûr, car le Front National en France constitue un contre-exemple, qui montre qu’il faut éviter les conclusions hâtives en sociologie électorale reposant sur une corrélation entre seulement deux pays, en particulier concernant la stabilité de la base électorale d’un parti, cette dernière évoluant avec le temps. En effet, a contrario de l’Autriche et des Etats-Unis, l’électorat du Front National, principal parti de droite populiste en France, est aujourd’hui constitué majoritairement de jeunes actifs, alors que les retraités sont les plus rétifs à ce vote, donc les choses ne sont pas aussi simples. […]
Quelles sont les autres évolutions démographiques susceptibles de jouer en défaveur de la droite populiste ? En quoi la métropolisation, et l’arrivée de nouvelles générations électorales, pourraient-elles jouer en défaveur de ces courants ?
Aux Etats-Unis comme en Europe occidentale, l’arrivée à l’âge adulte de générations comprenant un pourcentage de plus en plus important d’électeurs issus de l’immigration, du fait de la poursuite continue de cette dernière depuis plusieurs décennies, des processus de naturalisation, de leur jeunesse moyenne et de leur natalité plus importante, joue très largement en défaveur de la droite populiste.
A l’heure actuelle, les minorités ethniques sont minoritaires dans l’électorat, d’autant qu’elles s’abstiennent beaucoup plus que les autochtones. Si elles sont en mesure de faire basculer le résultat d’une élection lorsque cette dernière se joue sur le fil, comme ce fut le cas pour l’élection présidentielle en Autriche, elles ne constituent pas encore la masse de l’électorat d’un parti. […]
Les dirigeants des partis de la droite populiste en Autriche et aux Etats-Unis vont donc probablement tenter de diversifier leur base électorale, en cherchant à séduire les jeunes générations, les femmes (particulièrement rétives aux discours extrémistes), voire même une partie des populations issues de l’immigration, en s’inspirant probablement du Front National français. […]
Merci à oxoxo