Manifestations contre la loi Travail, grèves, blocages de raffineries, “élites sclérosées” et “syndicalisme périmé”… Eric Delbecque, directeur du département intelligence stratégique s’inquiète du divorce entre population et élites dirigeantes.
On comprend clairement que la radicalité idéologique gagne du terrain et manifeste le renouveau de l’extrémisme de gauche et de droite à la mesure du discrédit des élites en général et de nos dirigeants en particulier. Plus loin encore qu’une adhésion à un parti ou à une série de thèses programmatiques, nous faisons face ici à une crise de confiance préoccupante qui peut rappeler le climat «ligueux» des années 30. Il ne s’agit pas de faire des comparaisons faciles mais de mettre à jour une analogie fondée. […]
Le divorce sans consentement mutuel entre le peuple et sa classe gouvernante semble porter – chaque jour davantage – des menaces de dérapages de moins en moins maîtrisables. Bien entendu, ce désordre croissant et ce bouillonnement des esprits ne rassurent pas sur les échéances présidentielles de 2017.
A quoi s’attendre? Un nouveau progrès notable du FN, une fragmentation du vote, de l’expression populaire, laquelle serait encore plus incapacitante pour l’Hexagone ? Une avancée notable du radicalisme témoignant de l’impasse du politiquement correct et de la chape de plomb idéologique qui stérilise le débat intellectuel et politique ? Difficile de statuer. […]
En tout état de cause, il est trop simple de dénoncer un éternel populisme… Préalablement, il faut savoir de qui l’on parle. Qui est le peuple ? Mot piégé, mot valise et sulfureux après avoir été glorieux…[…]
Il y a effectivement quelque chose de totalement dépassé et usant dans le permanent climat de guerre civile qui colle à l’image de notre pays. L’ambiance de «Grand Soir» et la querelle quasi-théologique capitalisme/socialisme mal digérée, l’impossibilité de construire un «social-libéralisme» cohérent, l’incapacité des pouvoirs publics et des grands groupes à coproduire une articulation fine de l’Etat stratège et du marché, finit par peser lourd. […]
Le Figaro