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Des dizaines de travailleurs chinois campent depuis plusieurs mois, dans des conditions inhumaines, à quelques encablures de leur ambassade dans une ruelle parallèle au boulevard des Martyrs, à Alger. Certains d’entre eux ont confié qu’ils n’ont pas été payés et que leurs passeports leur ont été retirés. N’ayant plus de ressources, ils réclament de leur ambassade la prise en charge de leur rapatriement.



L’image est aussi déconcertante qu’impressionnante : une centaine de travailleurs chinois, manifestement en fin de contrat, livrés à leur sort, campant dans une ruelle, à quelques encablures de l’ambassade de Chine, à Alger.

Réduits au statut de SDF, ils végètent depuis plusieurs mois pour certains d’entre eux sous des abris de fortune, confectionnés à base de bâche en plastique. Ils sont obligés de s’entasser par petits groupes sous ces refuges improvisés, étrangement bas, où l’on ne peut entrer que pour s’allonger. Certains n’ont même pas droit à ce «luxe» et passent la nuit à la belle étoile, n’ayant pour toute literie qu’un matelas pourri et une couverture crasseuse, rongés par le froid et l’humidité.
[…] Sous-prolétaires oubliés du monde, ces travailleurs sont alignés les uns à côté des autres, de part et d’autre de l’étroite ruelle. On est en plein dans l’infrahumain, comme seule la mondialisation sait en fabriquer. Après l’enfer des chantiers, le ghetto.
Mardi 17 mai. Un agent Netcom s’emploie à balayer sur un flanc de la rue El Alem Abderrezak, dans le giron de l’ambassade de Chine. Il témoigne : «Cela dure depuis plusieurs mois. Comme je travaille dans ce secteur, je les vois tous les jours. Il y a plusieurs vagues de travailleurs chinois qui vont et qui viennent. Ils attendent d’être rapatriés dans leur pays. Et quand ils partent, d’autres arrivent.» Et d’ajouter : «Dès qu’un chantier est achevé, ils sont obligés de rentrer chez eux. Apparemment, ils n’ont pas été payés. Ils viennent donc réclamer leurs droits auprès de leur ambassade. Sincèrement, je n’ai rien vu de mal de leur part. Ce sont des gens tranquilles et sans histoires.» […] A l’ambassade de Chine, black-out total : toutes nos tentatives d’obtenir une information officielle sur ce dossier ont été vaines. «Ma yaâtoukche les informations (ils ne vous donneront aucune info)», tranche un employé (algérien) officiant au service d’accueil de l’ambassade. Nous n’avons même pas eu droit à un petit «off» de la part du service de presse.
Selon une dépêche APS datée du 23 septembre 2015, qui rendait compte d’une visite de l’ambassadeur Yang Guangyu à l’automne dernier dans la wilaya de Tizi Ouzou, l’on apprend que quelque 40.000 travailleurs chinois sont recensés en Algérie. L’ambassadeur avait annoncé, rapporte la dépêche, que ce chiffre sera «très prochainement revu à la baisse». La même source indique que les entreprises chinoises allaient désormais recourir à la «main-d’œuvre locale» en précisant que les travailleurs chinois libérés seraient rapatriés. […] El Watan

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