Il y a un an, quelques personnalités se risquèrent à nommer le phénomène, mais sans avoir les preuves statistiques à l’appui. L’un des protagonistes fut James Comey, le directeur du FBI : comment croire à sa parole dans la mesure où il représente le pouvoir policier ? Obama s’en était ému et avait dénoncé cette funeste théorie : non, les protestations de Black Lives Matter n’avaient eu aucun impact sur le comportement des forces de polices.
La théorie de l’Effet Ferguson posait en effet que comme les policiers avaient été stigmatisés, ils n’osaient plus prendre de risques, de peur d’être accusés de bavures. Plutôt que de risquer le scandale, ils passeraient désormais leur chemin autant que possible, pour ne pas se trouver au milieu d’une fusillade où ils auraient à sévir par balle. En conséquence, les voyous se tirent dessus sans que plus personne ne les arrête.
Rosenfeld, un criminologue réputé qui s’était d’abord opposé à cette théorie, vient de retourner sa veste après avoir épluché les chiffres. Les hypothèses de base ne fonctionnent pas pour expliquer une telle flambée de violence.
Sur les 56 plus grandes villes des États-Unis, les homicides ont augmenté de 17% entre 2014 et 2015. Les deux tiers de l’augmentation se concentrent sur une dizaine de villes, celles où les afro-américains représentent une plus large part de la population : Baltimore, Chicago, Houston, Milwaukee, Cleveland, Washington, Nashville, Philadelphia, Kansas City et St Louis. Le saut d’homicides y est de +41% sur un an !
“La seule explication qui soit en phase avec le timing est la version de l’Effet Ferguson” a déclaré Rosenfeld. “Maintenant, c’est notre hypothèse principale” (…)