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Une note de la Fondation Jean Jaurès réalisée par Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach met en lumière les tendances de vote des différents électorats issus de l’immigration dans le cadre des dernières élections régionales en Île-de-France.

(…) Pendant la campagne, certains médias se sont fait l’écho de la volonté du Front national de s’adresser et de se rapprocher de l’électorat issu de l’immigration. Wallerand de Saint-Just fit éditer 600 000 tracts sous la forme d’un magazine fait sur mesure qui fut distribué aux habitants des zones dites sensibles. Comme le relevait le Parisien, ce document comportait un encart spécifique à l’adresse de la communauté musulmane au titre évocateur : “Musulman peut-être, mais Français d’abord” et des opérations et actions militantes furent organisées en banlieue avec notamment le collage d’une affiche ciblée. Nous avions montré sur la base des scrutins présidentiel et municipal que la population issue de l’immigration était très réfractaire au vote Front national. A partir d’une analyse par bureaux de vote, il apparaissait ainsi que plus la proportion de prénoms d’origine musulmane était importante dans un bureau de vote et plus le vote Front national était faible. Pour ce scrutin régional, nous avons eu de nouveau recours à cette méthode d’analyse que nous avons appliquée à plusieurs communes tests que sont Aulnay-sous-Bois, Bobigny, Melun et Sarcelles. Dans ces quatre communes, il ressort une nouvelle fois, que les bureaux de vote à plus forte proportion de prénoms arabo-musulmans sur leurs listes électorales sont ceux précisément où le Front national a enregistré ses moins bons scores à l’échelle de la ville. Ainsi à Aulnay-sous-Bois, la liste de Wallerand de Saint-Just a obtenu au premier tour 21,7 % mais seulement 8,4 % en moyenne dans les sept bureaux comptant 50 % ou plus de prénoms d’origine musulmane. A Bobigny, pour une moyenne municipale de 17,9 %, le score n’est que de 14,3 % dans les quatre bureaux comprenant plus de 27 % de prénoms musulmans et à Melun, le Front national atteint seulement 9,3 % dans les deux bureaux à plus fort taux de prénoms arabo-musulmans (plus de 35 % de prénoms) pour un résultat moyen de 20,5 % sur l’ensemble de la ville. Enfin, à Sarcelles, le score moyen du FN atteint 20,5 % des exprimés contre seulement 9,3 % dans les deux bureaux de vote à plus de 35 % de prénoms musulmans.
Si l’on reprend le cas d’Aulnay, la mise en regard des deux cartes est saisissante. La carte du vote FN apparaît quasiment comme le négatif parfait de la carte de la proportion de prénoms arabo-musulmans par bureaux de vote. Les cités des 3000, des Merisiers, des Etangs ou de l’Europe qui ressortent en noir ou en gris foncé sur la première carte sont en blanc ou en gris pâle sur la seconde carte. Et sur cette dernière, les zones foncées représentant les plus forts votes FN sont cantonnées à la partie sud de la ville, où la proportion de prénoms arabo-musulmans est la plus faible. On remarquera au passage qu’on retrouve à Aulnay une seconde logique à l’œuvre concernant le vote FN. On constate en effet que ce vote est relativement contenu dans les quartiers du centre-ville (autour de la gare RER) et qu’il se renforce dans les quartiers périphériques comme on l’a vu à Paris (voir Note n°1).

(…) Atlantico

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